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Le parapluie qui rêvait d'être une ombrelle

Publié le 12 juin 2007 par Joëlle Sacré
Missing imageLe petit parapluie n’aimait pas la pluie. Quel dommage , par ce temps d’orage ! Quand sur sa route, il sentait venir les gouttes, que ce soit celles d’une ondée, d’une pluie d’automne ou d’une averse drue et subite, il se racrapotait dans sa housse en espérant qu’on l’oubliât au fond du cabas.
Mais voilà, à chaque fois c’était la même histoire et le même désespoir : une main fébrile le saisissait et l’ouvrait sans précaution.
Un jour, il en perdit une baleine. Qu’à cela ne tienne, madame-qui-protège-sa-mise-en-pli l’exhiba ainsi estropié durant des jours et des jours avant de le faire réparer. Il aurait tant aimé être ombrelle et accompagner de jolies jeunes filles pâlottes ou de vieilles bigotes rougeaudes en balade dominicale mais il n’était que parapluie des villes, jeté au fond du sac, oublié dans le coffre de la voiture ou pire encore, sur la banquette d’un train de banlieue.
Sa destinée pris cependant un tournant le jour de ses cinq ans. Madame-qui-protège-sa-mise-en-pli avait un rendez-vous important, à quelques rues de son domicile. Pressée par le temps et l’envie de se montrer en public, elle l’emmena précipitamment. Puis, après quelques mètres, constatant que le temps n’était plus à la pluie, elle l’abandonna sur le rebord d’une fenêtre.
Une petite fille vint à passer. Elle remarqua le petit parapluie sur le rebord de la fenêtre et l’emmena avec elle. Elle ne devait pas être bien vieille et sautait d’un pied sur l’autre, élevant dans les airs sa nouvelle acquisition. Elle rencontra une copine et lui montra sa trouvaille. Ensemble elles décidèrent de se rendre au parc tout proche où d’autres enfants jouaient déjà. Tous vinrent voir le parapluie et demandèrent à la petite fille de l’ouvrir. Après quelques hésitations, elle parvint à étendre la toile qui se mit à briller pour la première fois dans le soleil de cette après-midi de printemps.
Qu’il était bon de se prélasser ainsi sous la chaleur des rayons ! Fin de journée, les bambins se dispersèrent mais Julie, tel était son nom, se balada encore un peu sur les chemins du parc le parapluie à la main et c’est ainsi qu’un simple parapluie devint, l’espace de quelques heures, l’ombrelle qu’il avait toujours désiré être avant de finir abandonné au fond d'un vieux coffre à jouets.

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