Un petit coin de paradis comme on n’en fait plus, le soleil en invité. Un petit coin de soleil comme on en rêve, le paradis en prime. Il faisait beau, il faisait chaud, le garçon profitait du paysage, les yeux à l’horizon d’une terre qui l’avait vu naître 14 ans plus tôt. Une brise légère lui caressa le visage tandis qu’une mèche de ses cheveux couleur corbeau lui cacha la vue l’espace d’un instant. Quand il distingua à nouveau la vallée, celle-ci n’avait plus le même visage. Qu’avait-elle de différent pour que Stéphane en fut à ce point troublé ?
Le jeune homme se redressa sur ses jambes longilignes et recula de trois pas avant de se rapprocher à nouveau du bord du rocher. Son cœur se mit à battre plus vite qu’à l’accoutumée et, tournant précipitamment les talons, il s’élança vers le chemin en serpent qui le conduirait à flan de colline jusqu’au village.
Il lui fallut moins d’une vingtaine de minutes pour atteindre la ferme la plus proche puis la route de campagne qui le conduisit ensuite sur la place de l’église où se tenait le marché hebdomadaire. Le souffle commençait à lui manquer tant son pas était précipité. Mais pourquoi diable courait-il ainsi un matin à tant d’autres pareil ?
Il prit la direction de l’école et ne s’arrêta de se hâter qu’une fois dans la cour. Celle-ci était silencieuse, on aurait pu entendre voler les mouches si le garçon n’avait eu la respiration aussi forte. Il regarda sa montre, elle indiquait 9h20. Il leva les yeux au premier du bâtiment de gauche et au travers des fenêtres ouvertes, il lui sembla entendre un murmure familier.
Ce n’était pas un matin à tant d’autres pareil, il y avait dans l’air un soupçon de maturité, un grain de sagesse, un élan d’épanouissement. Stéphane poussa la grande porte du rez-de-chaussée et se mit à gravir les escaliers, certain qu’on ne l’y reprendrait plus à faire l’école buissonnière.