"J'ai rêvé l'autre nuit que je retournais à Manderley.
J'étais debout près de la grille devant la grande allée, mais l'entrée m'était interdite,
la grille fermée par une chaîne et un cadenas. J'appelai le concierge et personne ne répondit [...]."
Quel plaisir d'avoir enfin découvert ce roman ! Et quel roman ! Rebecca de Daphné du Maurier. Bien sûr, je connaissais l'adaptation d' Hitchcock mais je l'avais vu il y a si longtemps que j'en avais oublié quelques moments clés. Ma lecture n'en a été que plus agréable et surprenante.
La narratrice de l'histoire est dame de compagnie d'une vieille dame aisée. C'est dans le Sud de la France, où elles sont en villégiature, qu'elle va faire la connaissance de Maxim de Winter. L'homme, veuf depuis moins d'une année, va tomber sous le charme de cette jeune fille pourtant bien effacée. Tellement effacée, pour ne pas dire insignifiante, que Daphné du Maurier ne nous livre même pas son prénom. C'est de Rebecca qu'il s'agit et de personne d'autre.
Après un mariage un peu précipité et une lune de miel en Europe, l'heure est venue pour le jeune couple de rentrer enfin à Manderley, la splendide demeure de la famille de Winter. Mais Manderley a longtemps été l'écrin dont Rebecca était le bijou. Et désormais, le manoir semble davantage un mausolée, un temple à la mémoire de la disparue. La nouvelle Madame de Winter va avoir du mal à trouver ses marques tant l'ombre de Rebecca est omniprésente. Mrs Danvers, une femme glaciale, gouvernante de Manderley, et proche confidente de Rebecca y veille. Jalousement. Férocement. L'inquiétante Mrs Danvers. Mrs Danvers, fidèle par-delà la mort. A ses yeux, personne n'est digne de prendre la place de Rebecca.
"J'aurais pu lutter contre une vivante, non contre une morte."
La splendide Rebecca, la chatoyante Rebecca, l'irremplaçable Rebecca. Celle que tout le monde semblait apprécier. Celle à qui toutes les femmes voulaient ressembler. Celle que tous les hommes rêvaient de séduire. Rebecca, une femme magnétique, une femme unique. Rebecca encore. Rebecca toujours. Je serai d'ailleurs bien curieux de savoir combien de fois son nom est cité dans le roman. Si quelqu'un à la réponse !
Du haut de son promontoire rocheux, sous ses allures de château de la Belle au bois dormant, Manderley a de bien sombres secrets à révéler derrière sa multitude de couloirs et de salles plus impressionnantes les unes que les autres. Ne vous laissez pas attendrir par la magie qui s'en dégage, par l'odeur enivrante des bouquets de fleurs qui embellissent ses pièces, ni par les massifs d'azalées rouge sang qui bordent les allées de ses jardins...
Une lecture enthousiasmante portée par l'écriture totalement addictive de Daphné du Maurier. Impossible de lâcher cette histoire ! On a envie de découvrir tout ce que cachent les murs de Manderley. On a envie de tout savoir sur la défunte Madame de Winter. On voudrait secouer la nouvelle Madame de Winter et lui hurler " Mais tu vas réagir, bécasse !!! ". Quand à mi-parcours une révélation renforce encore notre intérêt et change la donne, le plaisir n'en est que bien meilleur...
Empruntez le chemin sinueux qui descend jusqu'à la crique à l'abri des regards. Là-bas, une maisonnette, près du petit port, pourrait vous aider à découvrir quelques-uns des troublants secrets de Rebecca ...
1938 / 1939