La Villa Foscari est construite aux confins de la lagune, le long de la partie terminale de la Brenta, dans un domaine qui est appelé "La Malcontenta".
Il existe plusieurs hypothèses à propos de cette appellation. Un document de 1368 dit que le Senat vénitien est préoccupé par les eaux de la Brenta qui arrivent à Fusina "con massa imponene e disordinata e non potevano essere contenute o malamente contenute". Les riverains appelèrent cette partie du fleuve la "male contenuta", qui, par altération en latin, serait devenue ‘male comtempta".
La voix populaire explique quand à elle que quand on a creusé le canal de la Brenta, de 1431 à 1444, les habitants de cette région étaient si malheureux par les dommages causés à leurs biens que l’ensemble du district a pris ce nom.
Mais, ce qui nous plaît à vous rapporter, c’est la légende persistante à propos de cette bâtisse.
On vous racontera volontiers, sur place, que la maison est hantée par le spectre d’une dame blanche surnommée la malcontenta.
Après la chute de la République de Venise, la maison fut complètement abandonnée par la famille Foscari, et c’est alors, vers 1800 qu’elle serait réapparue…
Il se dit qu’une noble dame* veuve d’un noble Pisani, qui avait épousé en seconde noces Nicolò Foscari en 1555, Elisabetta Foscari fut envoyée, exilée en punition, dans cette maison abandonnée et loin de toutes et tous en raison de son comportement vicieux. Elle avait été ainsi punie pour sa vie dissolue et libertine qui avait abondamment alimenté les commérages dans la cité lagunaire. Peu encline à la fidélité conjugale, elle aurait été enfermée dans cette cage dorée où elle passa, dans la villa, les trente dernières années de sa vie.
Jamais elle ne put se faire à cette vie, et elle parcourait sans cesse le jardin en hurlant, à la recherche d’amants et de satisfactions. Le mystère reste entier sur la façon dont elle a réussi a survivre pendant toutes ces années, seule dans cette grande maison, sans personne et sans qu’on lui apporte la moindre nourriture.
Un jour on la retrouva morte dans le parc envahis par les mauvaises herbes.
Nombreux sont les témoins qui vous diront l’avoir vue, certains soir d’été. Certains affirment qu’elle portait une robe noire aux épaules nues, mais la plupart la décrivent dans une robe blanche diaphane. Tous s’accordent sur le fait de le spectre d’Elisabetta Foscari est une magnifique femme rousse à la peau laiteuse. D’ailleurs, vous pourrez la voir dans une fresque, sur un des murs de la villa.
* Sur l’identité réelle d’Elisabetta Foscari, on trouve plusieurs versions, soit qu’elle fut Elisabetta Dolfin, Elisabetta Cornaro ou encore Elisabetta Loredan, parfois épouse d’Alvise Foscari. Il existe même des historiens pour écrire qu’il pourrait s’agir de Pelegrina Gradenigo, mère de Giovani Foscari. Et il est bien difficile de si retrouver en réalité…