Les premiers jours furent paisibles. De l’hôtel de Beaulieu, où les soldats étaient regroupés, il voyait la mer.
Puis il y eut ce que l’on sait et qu’il cacha à sa femme.
En 15 mois, il lui envoya plus de 150 lettres. Il l’aida à gérer la ferme, suivre sa grossesse, mais surtout, il lui parla d’amour…
“Ma Clairette, ma femme, mon amour, mon ange…”
C’est ainsi qu’Émile Sauvage,
Poilu du 118e Territorial, s’adressait à sa femme alors qu’il était au front. Pendant des mois, il lui a écrit presque tous les jours, dans des conditions extrêmes. À aucun moment, il n’a voulu l’inquiéter.
“… À l’instant où je t’écris, on bombarde le village, les obus tombent par-ci, par-là et nous n’en faisons pas cas…”
“… On dit des bêtises puis on va voir les trous faits par les obus…, je t’assure que c’est très amusant…”
La vie de la ferme restait une
préoccupation. De loin, il continuait à prodiguer des conseils :
“… Après tu vendras le mulet le plus cher possible et pas moins de 500 francs, enfin si la luzerne vaut six francs au moins, tu vendras…”
Mais ce
qui le hantait le plus, c’était de pouvoir serrer sa femme dans ses bras, puis son fils, né pendant son absence.
“… Je suis fou Clairette, fou de bonheur et d’espoir. Quelque chose chante dans mon coeur. Il me semble que ta lèvre effleure la mienne, que ton corps glisse dans mes bras. Je crois te voir un
peu plus forte que tu n’étais, la poitrine gonflée par la maternité…”
“… Mon dieu que le retour sera beau! Je ne vois pas qu’il y ait au monde un bonheur qui égale le retour de la guerre. Nous partirons toujours tous les trois ensemble, jamais nous
quitter.”
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