Cinquième édition du M-idzomer organisé dans le M-museum à Louvain par Het Depot, 30CC et M.
Des concerts, de la danse, du spoken-word, performances, some comedy acts... un menu copieux étalé sur quatre soirées.
Le jardin intérieur du musée est inondé de soleil, les spectateurs indolents, allongés sur l'herbe tendre, attendent le premier gig.
JP et madame, gelukkige verjaardag schoon meisje, se pointent à 18:10, 5' plus tard Sumie, armée d'une acoustique, salue Leuven ( prononce loven).
Sandra Sumie Nagano, Göteborg, mère suédoise et père japonais.
Genre: de l'indie folk minimaliste porté par une voix cristalline aussi pure que l' eau de source Ramlösa , la fierté des Vikings.
Un titelloze album sorti en 2013 chez Bella Union/Pias.
Le fragile 'Let's get lost' donne le ton, un accompagnement frugal, un timbre aussi léger qu'un zéphyr caressant agréablement ton épiderme, simple et joli!
Sumie se souvient avoir déjà été à la même affiche que Jef Neve, il y avait Gabriel Rios aussi ajoute-t-elle, avant d'entamer une seconde ballade mélancolique et intimiste ' Show talked windows'.
My songs are kind of lullabies coz I rehearse them in the evening, they fall asleep with me, this is 'Midnight Glories'.
Tout en délicatesse pour ne pas éveiller ses deux enfants qui sommeillent.
Un jeu plus élaboré pour introduire 'Never wanted to be', une plage encore plus frêle que les précédentes.
Le set de 25' prend fin avec 'Speed into you' , l'escargot chante..slowly, slowly I speed into you..
Charming!
Le Jef Neve Trio fête dix ans d'existence.
Bien sûr le wonder boy de la Belgian jazz scene a foulé les scènes du monde entier avec d'autres projets, il compte d'ailleurs sorti incessamment un solo album( la veille chez Marcel Vanthilt, Hotel M, il a interprété en avant-première la plage 'Solitude'), mais il est toujours resté fidèle à ses premières amours.
Piet Verbist et Lieven Venken ne sont plus de la partie, Teun Verbruggen est depuis longtemps le drummer attitré du trio et, plus récemment, Ruben Samama a remplacé Piet à la contrebasse.
Ce sont ces trois musiciens qui sont affichés sur la pochette de 'Imaginary Road' de 2010.
Leuven, ready for a 65 minutes trip leading you from romantic to avant-garde paths?
Une suite de plus de quinze minutes pour ouvrir le set ' Lament' et ' The Space we need'.
'Lament' a été composé après un voyage en Croatie, le jeu répétitif de la batterie devant rendre la monotonie du trajet en voiture.
'The Space we need' emprunte un chemin plus tortueux, une aventureuse séquence bruitiste rapprochant la composition d'un free jazz plus difficile d'accès.
Jef debout maltraite les touches tandis que ses comparses impriment un rythme effréné.
Pas à recommander si t'avais dans l'idée d'utiliser le morceau pour bercer ta sieste.
Les acrobates poursuivent avec la ballade versatile de facture classique, 'Second Love' , aux mouvements sereins succèdent une manoeuvre brusque pour finir en marche guerrière, style 'Funérailles' de Liszt.
Comme son nom l'indique 'Inner peace' baigne dans une atmosphère romantique tandis que l'aventureux et remuant 'Nothing But A Casablanca Turtle Slideshow Dinner' secouera les spectateurs s'étant assoupis.
D'où te vient ce titre surréaliste, Jefke?
Une grève dans l'aéroport de Casablanca, un merdier, coincés pendant 18 heures, pas une bière à boire, je te dis pas dans quel état on était.
Le morceau le plus mordant du set avec un joli passage aux coloris Maghreb.
Le trio termine par une plage mainstream invitant le public à chantonner sur un fond hymne à la joie.
Jef Neve se produit au Jazz Middelheim le 16 août.
Melanie De Biasio.
La Carolo est à l'affiche de tous les festivals d'été: Wechter, Les Ardentes, Les Francofolies, Jazz au Palais (FR), Gent Jazz, Rivierenhof... et c'est pas fini: Les Nuits Secrètes, Marciac, Avignon, Paris, Nancy...toute la France va y passer.
A Louvain c'est un public respectueux et admiratif qui aura assisté au concert de la douce jeune femme, rien à voir avec les chahuteurs de Werchter qui attendaient le quart de finale décevant des Diables.
La chanteuse/flûtiste est accompagnée de quelques grands noms de la scène jazz belge, la palme au batteur Dré Pallemaerts qu'il serait injurieux d'introduire.
Au piano, Pascal Mohy, Django D'Or jeune talent en 2007, c'est loin, et au synthé, le Liégeois Pascal Paulus.
Elle choisit la première plage de 'No Deal' , 'I feel you' pour entamer les débats.
Tu fermes les yeux, mais crénom de nom c'est Nina Simone, une voix noire ayant le pouvoir de faire redresser tous les poils de ton épiderme.
Sur l'album, la plage ne fait pas deux minutes, à Louvain on a eu droit à 10 minutes d'envoûtement, a-t-elle accolé un autre titre au lament, question mark!
Sur scène la frêle jeune personne semble vivre sa chanson à la manière de Gregory Frateur de Dez Mona, pas de cinéma, mais une gestuelle des mains éloquente.
La flûte introduit 'No deal'...tears are rivers across this valley...un tableau sonore sombre et grave.
Un souffle mystérieux plane sur le jardin tandis que l'équipe enchaîne sur le plus ancien et sensuel ' A stomach is burning' aux interventions de flûte saccadées semblant voltiger au dessus d'un nappé jazzy tissé par le synthé analogique.
Cette mélopée te fout les boules.
T'es toujours étourdi, ils ont attaqué 'Let me love you' suivi de la jazz/blues ballad 'Blue'.
'The Flow', on avait déjà cité Nina Simone, le phrasé de la gracile femme-enfant envoie également des flashes de Billie Holiday traverser ton esprit embué et t'es pas étonné que certains critiques anglophones rapprochent le monde musical de De Biasio de celui d'Annette Peacock.
Le gospel 'Sweet darling pain' vire méchant groove lors d'un second mouvement où douleur et extase se confondent.
Le classique 'I'm Gonna Leave You' écrit par Rudy Stevenson est amorcé par le piano de Pascal Mohy, la désespérée chante à genoux tandis que les garçons tressent une toile complexe au groove infectieux.
Superbe et subjuguant.
Un timide sourire, un petit salut, la troupe s'éclipse.
Repoussée sur scène, Melanie choisit ' With all my love' comme rappel .
L'organisateur: "Melanie De Biasio betoverde gisteren het publiek in de tuin!"
Même pas exagéré!
photos: JP DANIELS