Perpétuité. Éternité. Pour croire à notre infinité.
Même ici, six pieds sous terre, nous continuons la farce ; nous prolongeons le fantasme pour quelques siècles, quelques décennies, quelques heures.
Enfermé dans un caveau luxueux, une crypte sculpté. Le mensonge de la boîte hermétique qui conserverait les ossements pour l'éternité. Embaumés, pomponnés, nos morts refusent de partir.
A moins que cela soit nous, nous vivants, qui sommes enfermés.
Enfermé dans l’illusion d'éternité.
Concession à perpétuité.
Comme une peine lourde et irrévocable. Le poids du refus de notre mortalité. Comme si nous avions le pouvoir de nous affranchir du temps. Rien ne résiste.
Réfuter notre mortalité comme si nous étions tout puissant, comme si le pouvoir des mots, de la communication et de la volonté avait une quelconque réalité face au temps. Inéluctable. Nous sommes balayés comme des fétus de paille, pas plus important que les autres animaux ou que le sable de la plage.
Concession à perpétuité sonne comme un verrou intransigeant et un peu stupide. Ignorant son insignifiance.
Concession à perpétuité sonne comme une prière pour renier notre humanité. Concession à perpétuité résume à elle-seule l'humour macabre du lieu, sa poésie triste et immense, comme la vie.
Photos prises au cimetière du Château, à Nice
Copyright : Marianne Ciaudo