Dans un poème, où est-on ? On est sur un territoire qui a recueilli les traces d’un évènement. J’aime à penser qu’un poème est comme un évènement naturel. L’évènement que provoque une force naturelle. Un orage, par exemple. Un orage verbal. Cet orage verbal laisse des traces qui sont les vers du poème. Mais quand le lecteur prend le poème, c’est lui qui devient le territoire de l’évènement verbal. Un évènement dont sa lecture provoque la répétition, mais pas à l’identique, bien sûr. Le poème est une sorte d’évènement informel. »
Bernard Noël, L’Espace du poème, entretien, Bernard Noël, Dominique Sampiero, P.O.L., 1998 cité par Nelly George-Picot in revue Zone sensible, numéro 1, juin 2014, p. 90.