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[ENQUÊTE] Les multinationales à l’affût des innovations de la Silicon Valley

Publié le 01 août 2014 par Pnordey @latelier

McDonad's, Ford, Wal-Mart ou encore Nestlé. Ces grands groupes veulent se rapprocher de l'écosystème de la Silicon Valley pour mieux détecter les innovations et changements.

Market Street est la nouvelle adresse à la mode pour les sociétés high tech. Twitter, Uber, Square ou encore Yammer ont élu domicile sur cette artère centrale de San Francisco. Elles ont été rejointes, fin juin, pour un nouveau voisin plus inattendu: McDonald's. Le géant de la restauration rapide n'y vend ni hamburgers, ni frites mais il vient d'ouvrir un laboratoire d’innovation numérique.

McDonald’s sur les pas de ses concurrents

McDonald's rejoint ainsi une longue liste d’entreprises de “l’ancienne économie” venues s’implanter sur les terres de la nouvelle économie. Elles sont nombreuses à avoir ouvert, ces dernières années, des centres de recherche à San Francisco et dans sa région. Cela semble même en passe de devenir la norme pour ces grandes multinationales, qui craignent d’être dépassées technologiquement. “Le numérique modifie les attentes des consommateurs et nous voulons être certains d’être capables d’y répondre”, indique ainsi une porte-parole de la chaîne de restaurants. La société reste cependant discrète sur ses intentions et ses projets. Avec ce laboratoire, elle espère certainement combler son retard dans le domaine du paiement mobile, alors que ses rivaux Burger King et Wendy's proposent déjà cette option dans l'ensemble de leurs restaurants américains.

Mais pas seulement. "Nous voulons donner naissance à des idées que nous n'avions pas encore anticipées", assure Atif Rafiq, responsable du numérique chez McDonald's, interrogé par le site spécialisé AdAge. A l'occasion de la Coupe du monde de football, dont elle est l'un des principaux sponsors, la chaîne de restaurants avait, par exemple, lancé une application de réalité augmentée, qui faisait apparaître des mini-jeux sur l'écran d'un smartphone lorsque sa caméra était pointée vers un cornet de frites.

L’automobile comme secteur moteur

Les constructeurs automobiles ont été les premiers à s’installer dans la Silicon Valley. Ils souhaitaient notamment trouver des solutions afin de tirer profit du nombre croissant de données qu’ils récoltent. General Motors, Ford, BMW ou encore Nissan sont présents dans la région. “C’est ici que l’innovation a lieu”, reconnaît Maarten Sierhuis, directeur du centre de recherche du groupe japonais, dont la mission consiste essentiellement à accompagner les efforts en matière de voitures connectées et de véhicules sans chauffeur.

D’autres secteurs d’activités ont suivi. Wal-Mart, le premier distributeur mondial, et ses rivaux Target et Kohl’s côtoient ainsi de nombreuses startups spécialisées dans le e-commerce. “Le commerce vit une révolution majeure, justifie Beth Jacob, vice-présidente de la division Target Technology. Nous devons être capables d’agir et d’innover très rapidement”. L'an passé, le géant de l'agro-alimentaire suisse Nestlé a ouvert un centre de recherche. Le CAC 40 y est aussi représenté, avec EDF, Orange ou encore Axa. “La Silicon Valley n’est plus seulement un écosystème purement high-tech: ses innovations créent de nouveaux modèles économiques et changent la manière d’opérer de toutes les sociétés, de l’industrie aux services”, avance 650 Labs, une start-up spécialisée dans l’accompagnement d’entreprises souhaitant ouvrir des laboratoires dans la région, pour expliquer cette tendance. Ainsi, “ce ne sont plus uniquement les sociétés technologiques qui se doivent d’être présentes dans la Silicon Valley, c’est tout le monde”.

Détecter les prochaines tendances et attirer des talents

En s’implantant dans la région, ces entreprises veulent se rapprocher d'un écosystème qui bouleverse radicalement nos manières de vivre et de consommer. A son contact, elles espèrent y détecter les prochaines tendances et s'adapter au plus vite. Leur présence permet aussi de nouer des partenariats ou de mettre la main sur des innovations prometteuses. En trois ans de présence, Wal-Mart a ainsi racheté 13 startups. General Motors a investi dans plusieurs dizaines de sociétés. “Faire partie de cet écosystème, nous permet de mettre en place de nouvelles collaborations”, note Maarten Sierhuis. “Et la Silicon Valley dispose de grandes universités (notamment la prestigieuse université Stanford, ndlr) et de laboratoires de recherche avec lesquels nous pouvons aussi travailler”, ajoute-t-il.

Autre vivier: les ingénieux informatiques. “Nous allons pouvoir attirer les meilleurs talents”, espère McDonald’s. La concurrence est rude sur un marché où la main d’oeuvre très qualifiée manque. Mais le groupe de restauration rapide, qui vise rapidement entre 15 et 20 salariés, a déjà recruté plusieurs ingénieurs venant de Facebook, Yahoo, PayPal et AOL. Ils sont chargés de développer et tester des nouvelles expériences numériques. Ces sociétés veulent également s'imprégner de la culture de la Silicon Valley. Car innover c’est aussi une question d'état d'esprit. Loin des sièges sociaux, il est plus facile de penser différemment, d’expérimenter des idées nouvelles. En somme, de prendre des risques. “Un esprit ouvert aux nouvelles idées est indispensable pour résoudre les défis que nous attendons au cours des prochaines années”, assurait Paul Mascarenas, directeur technique de Ford, au moment de l’ouverture du centre de recherche en 2012. A Palo Alto, loin de son Michigan natal, le constructeur espère ainsi “élargir l’état d’esprit traditionnel des constructeurs automobiles pour stimuler l’innovation”.

 

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