PME françaises à l’international : un mal incurable ?

Publié le 20 mai 2008 par Benlalanne

Qu’on le veuille ou non, les entreprises françaises ne sont pas performantes à l’international. Les chiffres macroéconomiques le prouvent, la balance commerciale française (différence entre exportations et importations) est largement déficitaire, et ce mouvement s’amplifie ( -39,7 milliards d’euros en 2007, soit +36% par rapport à l’année précédente).
Accuser l’euro fort n’est pas sérieux, car notre voisin allemand se fait le champion dans le même secteur, et ce avec la même monnaie.
Le problème est structurel, mais les remèdes sont multiples.
Notre propos n’est pas ici de traiter des entreprises françaises comme un tout. Nous nous concentrerons sur les PME, qui représentent dans toute leur diversité l’essentiel du tissu entrepreneurial français, et emploie la grande majorité des salariés du secteur privé.
Il faut constater que la plupart des PME découvrent l’international par hasard, ou sous l’effet d’une contrainte : un contrat local ne se fait plus, et l’on réactive des contacts pris à l’occasion d’un salon à l’étranger mais jamais réactivés depuis, faute de temps pour en assurer le suivi. Malheureusement, ce n’est pas une stratégie satisfaisante à l’international, car la démarche de s’internationaliser (exporter des biens/services ou implanter des unités de production ou commerciales sur des marchés porteurs afin de se rapprocher de ses clients) requiert réflexion à moyen et long terme, et représente un investissement et une implication forts.
Si les PME françaises ont dans leur ensemble des difficultés à réussir leur développement international, c’est pour trois raisons essentielles.
La première réside dans le manque de maîtrise des langues étrangères. Avec un niveau d’anglais moyen et souvent aucune deuxième langue parlée, les français ne disposent pas de l’outil numéro 1 pour naviguer à l’étranger. Ce point est facilement rectifiable, mais demandera du temps. Il appartient ici aux pouvoirs publics d’imposer l’apprentissage de l’anglais au Primaire, puis d’une seconde langue à l’entrée au collège, et enfin d’une 3e langue pour les plus volontaires. Par ailleurs, les études supérieures en langues étrangères (diplômes LEA notamment), si elles sont de qualité, ne sont pas suffisamment adaptées au monde de l’entreprise.
La deuxième raison expliquant les blocages de nos entreprises à l’international vient du fait de l’absence de notre pays sur la carte des réseaux d’enseignements supérieurs dans le monde. En effet, la grande majorité des échanges universitaires se fait selon deux critères : l’attractivité des Universités, et le niveau des étudiants afin d’y accéder. C’est ainsi que les meilleurs éléments des campus américains sont souvent chinois et indiens. Or dans ce domaine, les établissements français (publics et privés) ont accumulé du retard, ponctuellement rattrapé grâce aux initiatives isolées (HEC, Sciences Po). De plus, c’est aux étudiants français de multiplier les expériences à l’étranger, à une période de leur vie qui leur permet une certaine souplesse dans l’apprentissage de leurs futures activités. Au niveau européen, le programme Erasmus y est particulièrement adapté, c’est même là l’une de ses raisons d’être. Signe encourageant, les étudiants de gestion fournissent le plus grand nombre de voyageurs européens.
Enfin il est à noter que l’aide aux entreprises est, en France, peu lisible. Beaucoup de structures ont les mêmes objectifs, et malgré la volonté de M.Novelli, nous sommes encore loin de la clarté dont disposent nos voisins allemands ou italiens. Par ailleurs, ces structures dépendent soit du Ministère des Affaires étrangères, soit du Ministère de l’Industrie. Mais le pire est le manque de connaissance de ces structures par... les entreprises qui sont censées en bénéficier !
Les pistes évoquées ici ne constituent qu’une partie de la solution à l’amélioration de la réussite des PME françaises à l’international. En effet, il est normal que l’Etat soit au soutien des entreprises et fasse en sorte que ces aides soient efficaces, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Mais la solution doit aussi venir des entreprises elles-mêmes, de la capacité des dirigeants à se projeter dans une stratégie « multi-marchés », source de risque mais aussi d’opportunités : n’est-ce pas là la définition de l’entrepreneuriat ?
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Article notamment basé sur :
- le Cahier « Entreprise et Progrès », consacré à favoriser les PME à l’international ;
- MOCI n°1809, 1811, 1812 et 1814