La ville a peut-être le plus beau clocher-mur (ou clocher-donjon) du midi toulousain, symbolique de la victoire de l'église sur les Cathares.
Mais ce que je suis venue visiter se situe sous la terre.
Il s'agit d'un lieu unique dans tout Midi-Pyrénées, un remarquable souterrain refuge aménagé, qui offre aux amateurs de sensations, un endroit mystérieux et riche en histoire.
Cet ouvrage témoigne de la vie au Moyen-âge quand, en période de danger, les habitants allaient se réfugier dans des souterrains parce que les chateaux-forts n'existaient pas encore.
Creusé au pic de fer, dans la motte castrale au dessous du château (en ruine, photo ci-contre), sa conservation est intacte. On y pénètre aujourd'hui par cette porte de fer qui n'est plus dissimulée. Car le souterrain du Castela est désormais un site accessible à tous, devenant un vestige de l’histoire qui abrite des contes et légendes, héritage de toute une vie longtemps demeurée secrète.
Il faut prendre son billet à l'Office du tourisme qui a récemment été construit à proximité, si bien que tout est concentré dans un petit périmètre : le château du Castela, le souterrain médiéval, le pigeonnier et son musée, unique dans le Sud.
Le départ des visites se fait à l'accueil de l'office à partir de 2 adultes payants. L'objectif est de montrer l'endroit au maximum de personnes. le seul conseil que je me permettrait de donner est de se couvrir chaudement parce qu'il y fait très frais... en été.
En basse saison, du 1er janvier au 14 juin 2014, il est ouvert tous les jours sauf le lundi avec 3 horaires de départs en visites : 14h30 - 15h45 - 17h
En haute saison, du 15 juin au 14 septembre 2014, 4 départs ont lieu tous les jours - du lundi au dimanche : 14h30-15h30-16h30-17h30
On connait surtout des souterrains de fuite qui avaient, évidemment une entrée et une sortie distinctes. Il y en a d'autres qui forment des carrières où on a prélevé des matériaux servant à la construction.
Il en existe d'un troisième type, les souterrain-refuge, qui en fait n'ont été découvert que depuis une cinquantaine d'années.
On en compte 350 rien que dans le Tarn. C'est dire l'importance de ce moyen pour sauver sa vie en cas d'invasion et de pillages. Et on devine que ces opérations étaient nombreuses. Cela fait frémir d'imaginer comment vivaient les gens au Moyen-Âge, quand ils dépendaient à ce point les uns des autres.
L'endroit est donc clos, fermé, avec une seule issue à garder, jour et nuit. Avec un système de guetteur.On se présentait à l'entrée et on chuchotait le mot de passe dans le petit trou où pointe une minuscule lumière :Si le mot est correct une sorte de mini pont-levis de bois est abaissé et on peut entrer. Sinon on tombe dans la fosse que l'on aperçoit sur la photo suivante.Le guetteur, lui est de l'autre coté du mur, à environ deux mètres dans une excavation plus conséquente, mais tout de même étroite.Les traces des lampes à huile utilisées par nos ancêtres sont nettement visibles à distance régulière dans des excavations creusées dans les parois.Droit devant s'étend un couloir pas très large quand on songe que tout le village se retrouvait là, hommes, femmes, enfants et petit bétail. Au total ce sont 142 mètres de galerie.Evidemment, pas question d'y installer du mobilier. On dormait à même le sol, parfois plusieurs jours d'affilée. le seul à disposer d'une couchette, une simple planche de bois, mais une couchette tout de même était le gardien dont on visitera la "chambre" juste avant de sortir (par l'entrée ... vous suivez ?) Les gens du village descendaient en cas de danger et comme ils étaient très superstitieux ils laissaient des petites statues un peu partout pour conjurer les mauvais esprits. Plus loin on verra ce qui évoque nettement un lieu de culte religieux.Les traces des aménagements de l’époque. sont clairement compréhensibles pour qui s'y connait un tant soit peu. On remarque l'emplacement de plusieurs puits car il fallait bien avoir de l'eau. Un puisatier collaborait donc systématiquement au creusement d'un tel refuge.De la même manière on avait besoin de toilettes. Des toilettes sèches en l'occurrence.Plusieurs pièces à vivre s'intercalaient entre d'autres, employées pour les commodités.On y stockait de la nourriture, parfois dans des jarres, parfois directement dans ce qui préfigure les silos de conservation dans une structure de poire caractéristique où la nourriture était descendu d'avance.Les routiers terrorisaient les campagnes. Les gens ne savaient pas se battre. Mais ils parvenaient à se défendre en quelque sorte.Voici une autre salle de vie qui a connu un autre utilité pendant les guerres de religion. Tout a été brulé pendant ces guerres à Saint Sulpice. Une deuxième entrée a alors été crée. Le souterrain a été réaménagé et a permis de stocker des ballots de laine.Pendant la seconde guerre mondiale il a abrité des résistants.La petite chapelle est particulièrement émouvante, avec ses inscriptions gravées dans le mur et ses graffitis d'époque ... ou pas car il est difficile de dater ceux qui sont anciens et d'autres plus récents.La protection divine était essentielle.
Une pause est effectuée dans une des salles pour relater l'aventure de la duchesse du Berry, Jeanne de Boulogne et d’Auvergne, connue pour être la plus grande faussaire du 15ème siècle. Elle se réfugia au château du Castela, vers 1418, et se servit de ce lieu secret et obscur pour y faire battre monnaie. De la fausse monnaie qui est tout de même un trésor ... jamais retrouvé à ce jour.On ressort par là même où on est entré. Avec l'envie de grimper pour observer les ruines du château du Castela. Véritable forteresse (aujourd'hui en ruines) ce lieu de garnison comprenait vers 1250, des salles d'armes, un chemin de ronde et un donjon.Les guerres de religion l'ont détruit.Le chemin s'enroule autour de la motte castrale et on peut apercevoir au lin le fameux clocher-mur de l'église.Restera à visiter ensuite le pigeonnier qui s'inscrit parmi les 1700 que compte le département du Tarn. vaste programme.Celui ci, de plan carré, a été construit en briques foraines en 1810. Son intérêt architectural et patrimonial est important. Il est de type toulousain à double deux pentes, céramique complexe sur le faîte du toit, avec une plate-forme d'envol en forme de bénitier.
Autres billets sur l'église de Giroussens, le chemin de fer touristique du Tarn, l'ail rose de Lautrec, le pastel et le village de Lautrec, et sur le domaine de l'Orguennay. Il suffira de cliquer sur une image pour pouvoir lire le billet correspondant. Merci à Thierry pour ces rencontres.