Seul au monde - 7/10

Un film de Robert Zemeckis (2000 - USA) avec Tom Hanks, Helen Hunt

FEDEX ! You got it ? FEDEX !

L'histoire : Chuck Noland est cadre chez... je vous laisse deviner... et est accro à son boulot et à sa fiancée. Et puis un jour, crash de son petit avion au-dessus de la mer. Il survit et se retrouve sur une île totalement déserte.

Mon avis : Cela aurait pu être un grand film. Ca l'est d'ailleurs, toute la partie accident d'avion (waouh... terrifiant) et survie sur l'île est superbe et émouvante avec un Tom Hanks on ne peut plus génial.

MAIS il y a cette horripilante introduction (et plus) à la gloire de FEDEX ! C'est dingue, odieux, scandaleux ! Ils auraient pu inventer un nom ou faire plus discret (dans quasi tous les films américains, vous avez de toutes façons toujours un plan avec un camion ou une enveloppe FEDEX). Là, c'est l'overdose qui rend fou. Avions FEDEX, camions FEDEX, paquets FEDEX, FEDEX en plein désert texan, FEDEX à Moscou... Ouf, quand notre homme se retrouve sur son île, on se dit qu'on va avoir la paix ! Non ! Tous les paquets FEDEX de l'avion sinistré arrivent sur l'île peu à peu...

Bon, ça va ? Je vous ai bien martelé le mot FEDEX à vous aussi ? Parce qu'il y a pas de raison que ce matin j'ai la tête remplie de FEDEX et pas vous...

Ensuite, autre partie ratée : le dénouement bien trop mélo et guimauve... D'ailleurs, comme le film est long (2h20...) je me suis un peu endormie dessus. Du coup je ne sais pas ce que Kelly décide et finalement on s'en tape un peu.

Car l'histoire, et c'est celle-là qui est belle, c'est la survie et la solitude sur l'île. Déjà, quand j'étais môme, un de mes jeux préférés c'était de m'imaginer en Robinson Crusoe (qui était aussi un de mes livres préférés ; tiens faudrait que je le relise...). Depuis j'ai toujours adoré ça... j'avoue être fan de Koh Lanta (encore que, ça craint un peu parce que c'est désormais plutôt un festival d'embrouilles genre Secret Story, sans compter la récente polémique sur l'accident mortel d'un candidat et le suicide du médecin...) et j'aime bien regarder de temps un temps un Man vs Wild ! Je ne sais pas si j'arriverais à faire un feu toute seule, mais en tous cas je sais COMMENT il faut procéder. Na. Bref, grand délire personnel. Si cette partie du film avait duré plus longtemps, sans le début et la fin débiles, il est probable que Seul au monde figurerait dans mes 10/10.

Toute la période sur l'île m'a parue trop courte, en fait. Tout était si bien décrit... le désarroi, l'inquiétude, la peur, puis la débrouille, l'organisation. Tom Hanks est tout seul sur scène, si je puis dire, il ne parle pas beaucoup (forcément) et pourtant on est scotché à l'écran tellement c'est prenant et émouvant. Alors quand soudain ça s'arrête et qu'on vous assène "Quatre ans plus tard", ça m'a fichu un choc ! J'avais pas fini, moi, j'en redemandais ! On retrouve notre Tom, cette fois très amaigri, mais en bonne forme, le poil hirsute, la chevelure hippie dorée par le soleil. Mais vu l'ellipse des quatre ans, on se doute que cette interruption n'est hélas pas gratuite : l'histoire va se terminer... mais dans le mélo. Et oui, l'homme se construit un radeau, grâce à un génial double volet échoué sur le rivage, qui va lui servir à la fois d'abri et de prise au vent, afin de pouvoir passer la barrière de vagues qui entoure l'île.

Scène déchirante de Chuck qui pleure à chaudes larmes la perte de son ami Wilson (tiens, encore une marque)... Wilson, le ballon sur lequel il avait dessiné un visage afin de se créer une compagnie ! Wilson qui ne survit pas au voyage en radeau... Bouleversant car belle illustration des stratégies de notre cerveau pour pallier aux manques et aussi du besoin d'affection et d'amour de l'homme... Sacré Wilson !

Ne soyons cependant pas trop naïfs. Notre Chuck a de la chance dans son malheur : ses paquets FEDEX ! Qui lui permettent de trouver toutes sortes d'objets insolites qui néanmoins vont lui permettre d'élaborer outils et accessoires ; une santé de fer (des grosses plaies et un abcès dentaire) qui guérissent à l'eau de mer) ; un talent pour la pêche (qu'on voit rarement sur Koh Lanta !) ; une petite grotte pour s'abriter lors de grosses intempéries ; une source d'eau claire... bref, il a du bol, quand même. Mais fallait bien, pour faire un film.

Je finirai sur la performance de Tom hanks, qui tient tout le film sur ses épaules et qui malgré tout ne fait pas du Tom Hanks. Il est Chuck, on ne voit que Chuck. Quelle classe ! Nous, souvent, nos grands acteurs donnent l'impression de toujours jouer la même chose, parce qu'ils ont toujours les mêmes expressions, le même regard, la même prestance... Depardieu est un exemple phare... Delon, aussi, Torreton, Cluzet, et puis Isabelle Huppert, Isabelle Adjani, et tant d'autres... Tom lui disparaît derrière ses personnages et c'est prodigieux.

YEAH !!!!