Il y a parfois dans la vie de toute personne normale (j’entends par là celles qui ont encore en 2014 du travail, une famille et qui ne sont pas des réfugiés clandestins dans nos pays propres et modernes) des spirales infernales où les catastrophes s’enchaînent plus vite que les révélations sur les comptes de l’UMP ! Alors que Nico et Carla font du scooter sans casque, démontrant s’il en était besoin leur soif de liberté, leur amour immuable et leur respect du code de la route, un nouvel album de Keen’V sort pendant que des avions s’éparpillent simultanément dans les champs ukrainiens, thaïlandais ou maliens, sans arriver toute fois à faire autant de victimes qu’en Palestine où les pilotes israéliens maîtrisent plutôt bien leurs F-16. Entre la propagation du virus Ebola, celui du djihad aveugle de Boko Haram, et la reprise des festivités en Libye ou en Irak, on se débrouille même pour dénombrer 24 morts, piétinés dans un concert à Conakry ! Là franchement les gars, il va falloir y mettre un peu du vôtre et regarder où vous mettez les pieds, même quand il n’y a pas de mines ! Parce que si l’Ebola frappe au hasard des groupes sanguins et des religions, le reste de l’Afrique et du Proche-Orient s’en remet quotidiennement à des groupuscules intégristes sans plus de légitimité que celle de la secte Moon , si ce n’est une tenace envie millénaire d’éradiquer ces chiens de croisés catholiques qui batifolent gentiment dans l’hémisphère nord dans l’opulence technologique, la télé-réalité et la 4G.
Oui mais Dieu dans tout ça ? Au centre de toutes les décisions les plus pourries de l’histoire, le mec s’est depuis longtemps désolidarisé de sa pire création, se reposant sûrement en Islande en attendant impatiemment la prochaine éruption volcanique qui mettra fin à cette énorme mascarade qui n’a que trop duré. Loin du tumulte, tout près du paradis primal qu’était la Terre avant l’apparition du 4×4 et du voyage organisé, le barbu se repose, navré, cousant des chaussettes mérinos, tripotant des elfes dodues en écoutant Sigur Ros dans un désert de lave millénaire. Peu importe alors que le taux de consanguinité soit plus élevé dans cette contrée que dans le Pas de Calais, au moins les paysages sont beaux et les gens sympathiques et les moutons sauvages peu farouches. Même les chinois, qui s’emmerdent désormais à Paris, ont débarqué en masse pour y trouver quelque chose de nouveau à reproduire (le calme, la liberté ?). Comment ne pas rester admiratif et respectueux devant un pays si petit, qui se régale encore les yeux d’aurores boréales et le palais de testicules d’agneaux farcis, propose un musée gratuit du salage de la morue, qui appelle ses enfants Arnaldur, Hrafnkatla, Vikingur ou Baladur et donne régulièrement à la pop indé ses plus belles pépites tout en paralysant l’économie mondiale en 2010 d’un seul pet volcanique miraculeux ?
Une sensation unique, une impression d’ailleurs pure et vivifiante qu’on était à mille lieues de soupçonner alors que l’on attendait patiemment aux portiques d’un aéroport parisien : ce moment où le scanner détecte mon anneau pénien est toujours jouissif (bien qu’il ait plus la taille d’une bague que d’un bracelet de cheville), la tête des douaniers vaut le détour au moment où ils me laissent passer, dépités et un peu envieux d’une telle coquetterie…
A 10 heures du matin, de sombres jeunes mangent des paninis et en font des selfies , summum de la coolitude d’une génération égocentrée et sûre de son physique avenant, de sa musculature idoine avant d’aller cartonner des estoniennes dans les all inclusive crétois. Plus tard, le français étant partout à la maison, un couple ouvre un munster dans l’avion dont le port devrait être prohibé au même titre que les armes à feu ou les coupe-ongles ! Un fromage à la même odeur qu’un pénis adolescent qui n’aurait pas croisé de douche depuis 3 jours, un truc immonde qui donne envie de vomir bien avant le décollage ou des les dénoncer pour attaque terroriste. A moitié évanoui, je ne les photographie pas…
Il semblerait d’ailleurs qu’il faille tout voir, tout montrer, tout raconter, combler des vides et remplir le silence et les pages Facebook à coups de photos insignifiantes alors qu’on oublie même d’envoyer une carte postale à sa grand-mère qui se déshydrate à l’hospice. Des malins escaladent des glaciers exhibant leur iPad en guise d’appareil photo, les plus techniques sont en skate, à vélo, en deltaplane, dans ma sœur, à la piscine, aux toilettes, avec la go-pro vissée au crâne (un must pour les cunnilingus) ! Vivement l’arrivée des Google Glass, où les moindres faits et gestes de ses contemporains, les concerts et les films au cinéma pourront être enregistrés en continu et balancés sur les internets pour niquer un peu plus le système. L’homme cyborg aura aussi son petit drône, incontournable futur cadeau de Noel du petit dernier, qui pourra à loisir survoler les piscines où batifolent nues ses voisines de 8 ans, et de nouveaux membres en plastique dessinés sur imprimante 3D pour pallier au handicap de ne pas pouvoir piloter un drône ou porter un iPad sans mains ! Par contre il semblerait qu’aucune multinationale ne travaille sur un projet de développement des capacités intellectuelles. L’humanité avance à grand pas. Vers le vide. Big Brother est déjà là, attendant de filmer la scène pour la balancer sur You Tube, en mondovision : mais qui alors pour la regarder ? Ce poète islandais, toujours sage, ne disait-il pas :
"Sá sem ekki lifir í skáldskap lifir ekki af hér á jörðinni."
Il serait sûrement grand temps d’y réfléchir sérieusement!
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