Irak : 400.000 chrétiens menacés de mort" border="0" title="INTERNATIONAL > Irak : 400.000 chrétiens menacés de mort" />
Prière dans l'église de MarAfram à Qarakhosh I Photo ©Safim Hamed AFP
La conversion à l’islam, l’exil, un énorme impôt… ou la mort : c’est le choix "offert" par les djihadistes de l’État islamique (EI) aux chrétiens d’Irak, quand ils tombent entre leurs mains. La conquête du Nord du pays par les islamistes a fait fuir la totalité des chrétiens vers des endroits "plus sûrs"… jusqu’au Kurdistan irakien.Le 10 juin dernier, à Mossoul, les chrétiens ont eu douze heures pour se décider. Sous Saddam Hussein, ils étaient 35 000 dans la ville, mais "depuis que le [Califat] djihadiste a été instauré", il n’y en a plus un seul", raconte le chanoine Rodolphe Vigneron, délégué épiscopal en Alsace. L’homme, qui est aussi membre de l’Œuvre d’Orient, est en relation direct avec un curé de Mossoul, le père Najeeb, qui clame le désarroi des chrétiens irakiens depuis dix ans. Une persécution qui ne date pas d’aujourd’hui : "Elle a commencé dès la fin de l’invasion américaine. Des églises ont été attaquées, nous avons dû mettre en place des gardes pour les défendre." Il y a deux ans, le prêtre, dont la tête a été mise à prix par les extrémistes, a dû prendre la route de Qarakhosh, diocèse plus sûr et plus facile à défendre que celui de Mossoul : "En juillet dernier, les djihadistes ont encerclé la ville et ont tiré quelques roquettes, mais les peshmergas kurdes (soldats) ont réussi à les dissuader de prendre l’assaut".
Aujourd’hui, les chrétiens de Mossoul vivent partagés entre la vallée de Ninive et le Kurdistan irakien qui, autour de la capitale Erbil, est géré comme un territoire indépendant. Les Kurdes y ont autoproclamé un État défendus par leurs propres soldats, et convoitent des territoires, des villes restées "irakiennes". En visite depuis lundi à Erbil, Mgr Philippe Barbarin, Primat des Gaules, constate "l’extrême précarité" des réfugiés chrétiens qui affluent depuis le mois juin. Ils ne sont pas les seuls à chercher un refuge : les chiites fuient également Mossoul. Faut-il regretter Saddam Hussein? Non, bien évidemment : « C’était un dictateur sanguinaire. Mais les chrétiens de Mossoul se souviennent que son ministre des Affaires étrangères s’appelait Tarek Aziz, qu’il était chrétien, et qu’avant l’invasion anglo-américaine de 2003, personne n’attaquait les églises. Et encore moins les fidèles."
Nouveaux maîtres sur l’échiquier Irakien, les djihadistes de l'Etat islamique (EI) continuent à faire la loi dans les zones qu'ils contrôlent. Mardi, ils ont justifié la destruction de sites religieux dans Mossoul, par le fait qu'ils avaient été édifiés sur des sépultures chrétiennes, sites religieux s’apparentant à de l'idolâtrie. Une explication a été publiée sous la forme d'un communiqué : "La démolition de structures érigées sur des tombes est une question très claire du point de vue religieux. Nos pieux prédécesseurs ont procédé ainsi (...) et il n'y a pas de débat sur la légitimité de démolir ou d'éliminer ces tombes et sanctuaires." Harith al-Dhari, président du comité des oulémas musulmans, principale organisation sunnite en Irak, a fermement condamné la démolition de ces lieux de culte par l'EI. Le comité qualifie ces destructions d'"immense perte pour la population de Mossoul qui voyait ces mosquées comme des lieux emblématiques (...) comme partie de sa culture et de son histoire", a déclaré dans un communiqué ce dignitaire, pourtant longtemps considéré comme un soutien de l'EI.FG