A la différence des autres thés verts japonais, dont l'oxydation des feuilles est stoppée par étuvage, le kama-iri cha est traité par chauffage direct sur surface chaude, comme les thés verts chinois ou autres. A la fin du 19ème siècle, alors que l'industrie du thé se développe au Japon et que le sencha (étuvé) est vendu aux négociants étrangers, le gouvernement planifie une uniformisation des techniques dans le but d'améliorer la qualité pour plaire à ce précieux marché étranger. Dans cette mouvance, le kama-iri chan'avait pas sa place. Pourtant une poignée d'irréductibles producteurs résistent encore à la vapeur, et continue à produire du kama-iri cha. Néanmoins, dans de telles conditions, sans support du gouvernement, les techniques ont peu évolué, et surtout, à la différence des autres types de thé, les lignes de production ne sont pas clairement définies. Ainsi, il existe entre chaque producteur des différences notoires quant aux machines et méthodes utilisées. Aussi, les cultivars développés pour le kama-iri sont rares (Takachiho, Yamanami, …)
Le premier de ses kama-iri cha sur Thés du Japon, est composé essentiellement de Yabukita, avec un peu de Oku-yutaka et de zairai.
La parfum de ce kama-iri cha est exemplaire, les arômes de châtaignes et de patates douces grillées au feu de bois sont extrêmement appétissants. Ce sont des senteurs très douces qui ne sont en rien fumées, ou même grillées dans le sens où l'on le comprendrait pour du hôji-cha par exemple. Bref, ce ne sont pas des odeurs de torréfaction du thé.
Cette liqueur me semble très dense, pleine, très stimulante aussi, et pourtant elle est aussi très rafraîchissante.
Le deuxième thé provient de la plantation de "zairai-shu", il propose des senteurs très différentes, moins évidentes dans la tasse, elles sont denses et complexes dans la théière. Les notes de patate douce grillée sont présentes, mais estompées, se partageant la donne avec de doux arômes floraux, un brin crémeux, sur une texture d'humus et de forêt humideL'aspect floral me semble en parti du a un flétrissement, léger, et surtout bien maîtrisé, puisque je n'en retrouve pas les défauts communs (liqueur orangée, sorte de douceur écœurante dans la liqueur : ici rien de cela !).
Si les infusions suivantes donnent une liqueur plus légère et douce, il me semblent qu'elle apporte un after plus doux et sucré aussi. Mais la liqueur est là aussi très gouleyante.Ces deux kama-iri, malgré leur différences de saveurs et de parfums évidentes, ont quand même un je-ne-sais-quoi qui les fait se ressembler, difficilement explicable mais on a là deux créations portant la touche du producteur M. Kajihara. Le premier est un authentique bon kama-iri cha, gourmet car de grande qualité, de tous les jours aussi de part sa simplicité, c'est un thé dont on ne se lassera pas. Le deuxième est plus complexe, avec une petite touche exotique et une rondeur qui « rempli » plus. Pourtant il ne cherche pas à copier des thés étrangers, et reste un kama-iri cha japonais de Kyûshû.
Je vous laisse avec quelques images de la splendide plantation "zairai" de M. Kajihara.
Il s'agit d'une photo prise plusieurs semaines avant les récoltes, mais il est intéressant d'y observer les différences d'avancement de la pousse des bourgeons. En effet, en zairai, chaque arbustes étant différent, leur croissance aussi. C'est bien sûr une des raisons qui rendent ces variétés botaniques difficiles à exploiter.