Vous qui en avez raz le bol de Rio, restez encore un peu. Car Flavia Coehlo avec son album Mundo Meu a bien d’autres arguments pour faire danser pendant tout l’été!
La chanteuse de Shaka Ponk sort-elle un album solo? Raté. Malgré sa touffe bouclée, Flavia Coelho est bien plus que la version brésilienne de Samaha Sam. Ses tatouages et ses bracelets multicolores donnent différents indices à ce Cluedo musical. C’est aussi un laisser- passer vers des contrées inexplorées géographiques … ou plus spirituelles…
Entrer dans le monde ensoleillé de Flavia Coelho c’est avant tout rentrer dans son histoire, une histoire pour le moins atypique. La jeune fille n’a que 14 ans quand elle intègre un groupe de filles As Solteirissimas (les célibataires) pour vivre sa passion de la musique. Dès lors rien ne l’effraie : vivre dans les quartiers les plus dangereux de la ville, errer pendant des nuits blanches de squats en arrêts de bus, traverser le pays en long, en large et en travers et tout ça pour chanter! Quand le rêve devient enfin réalité, elle quitte son Brésil natal pour la ville de ses rêves : Paris. Même si cela sous- entend de chanter dans les bars, le métro et promener des chiens!
Le décor est posé. L’album est-il à la hauteur du destin assez extraordinaire de la jeune fille? Et bien plutôt! Son second album se déroule comme un album-photos exotique. Le décollage est assuré par Por Cima et Pai De Santo qui chatouillent les oreilles de leur doux accent brésilien, font danser les postérieurs avec leurs mélodies colorées et déclenchent un dépaysement certain.
Mais la jeune fille aime désorienter un tantinet. Car sous ses boléros revisités, elle parle de l’immigration (People Dansa) ou de la solidarité entre les expatriés (Amar E Amar). Et oui, la chanteuse qui a bourlingué n’est pas là pour évoquer uniquement « la beauté du Brésil mais aussi ses fléaux ». Cependant, ne prenez pas cela comme la clé de voûte de son art, sous les airs de favelas, Flavia peut se révéler plus festive comme dans Fora La Lei, profondément électro, véritable hymne aux street artistes et travailleurs de la rue.Les autres, une quête sempiternelle de la chanteuse, les autres : son public, les sujets mais aussi les collaborateurs. Et pour cet opus, l’artiste a eu la main plutôt heureuse. Les guests de luxe viennent partager l’énergie de la lionne toutes les deux compositions. Et quels guests ! Fixi, l’Ultra Bal, Speech d’Arrested Development mais surtout Tony Allen qui vient booster People Dansa. Cerise sur le gâteau pour celle qui a découvert sa voix dans une chambre d’écho artisanale.
Mais » le must » est peut-être Especo Voce. Dans ce duo suave avec le génial Patrice, la belle se fait même le plaisir de toucher au reggae. Ce n’est pas son unique fantaisie. Samba, hip-hop, musique africaine, afrobeat, ragga jamaïcain et même ska des Balkans, rien n’est impossible pour la musicienne élevée à Diana Ross comme à Gal Costa.
Au final que dire de ce tourbillon musical? Parfait pour ceux qui veulent remonter à Rio, ceux qui veulent refaire la coupe du monde, ceux qui rêvent de se dandiner sur la plage de … ou tout simplement ceux qui veulent danser cet été !
Crédits photo : Roch Armando