Le brio de Bourgeon réside sans aucun doute en le brillant mariage d’une documentation riche et d’une rigueur historique implacable avec un attachement tout particulier à représenter le plus humainement possible chacun de ses personnages, auxquels le cadre donne une certaine animalité. Il ne nous encombre pas de détails, mais se contente du minimum de précision qui atteste de la crédibilité chronologique de son récit, sans jamais négliger cette part du défi, mais s’accorde surtout à raconter une histoire, à faire vivre des personnages, qui restent bien des personnages, qui vivent leur fiction, et dont on ne ressent jamais une prétention de faire croire qu’ils existent / ont existé. Cet ensemble scénaristique, de caractère, ambitieux sans pour autant verser dans l’originalité mais plutôt nourri par les fantasmes collectifs et les mythes populaires, dont on n’a de cesse de se régaler, sans aucun doute pour leur simplicité, est portée par une ligne épurée de fourmillements parasites, mais dont le soin ne saurait nous échapper, qu’ils s’agisse du plis de l’étoffe, de la lueur des yeux ou de l’usure de la corde, de l’écume de la mer, du coton blanc mouillé qui colle la peau de la femme ou de la plume de l’albatros qui caresse le visage du marin avant de le déséquilibrer. Surtout, Bourgeon sait, avec la rigueur militaire de son découpage, captiver l’attention de son lecteur, lui épargnant les prouesses graphiques et les cascades irréalistes, alignant des cases comme en BD, et non en s’inspirant du cinéma comme certains de ses pairs. L’ouvrage y gagne en caractère, le tout est rude, presque brute, à l’image de ce qu’il veut dépeindre, avec un réalisme touchant pour la passion qu’il démontre. Soakette
Le brio de Bourgeon réside sans aucun doute en le brillant mariage d’une documentation riche et d’une rigueur historique implacable avec un attachement tout particulier à représenter le plus humainement possible chacun de ses personnages, auxquels le cadre donne une certaine animalité. Il ne nous encombre pas de détails, mais se contente du minimum de précision qui atteste de la crédibilité chronologique de son récit, sans jamais négliger cette part du défi, mais s’accorde surtout à raconter une histoire, à faire vivre des personnages, qui restent bien des personnages, qui vivent leur fiction, et dont on ne ressent jamais une prétention de faire croire qu’ils existent / ont existé. Cet ensemble scénaristique, de caractère, ambitieux sans pour autant verser dans l’originalité mais plutôt nourri par les fantasmes collectifs et les mythes populaires, dont on n’a de cesse de se régaler, sans aucun doute pour leur simplicité, est portée par une ligne épurée de fourmillements parasites, mais dont le soin ne saurait nous échapper, qu’ils s’agisse du plis de l’étoffe, de la lueur des yeux ou de l’usure de la corde, de l’écume de la mer, du coton blanc mouillé qui colle la peau de la femme ou de la plume de l’albatros qui caresse le visage du marin avant de le déséquilibrer. Surtout, Bourgeon sait, avec la rigueur militaire de son découpage, captiver l’attention de son lecteur, lui épargnant les prouesses graphiques et les cascades irréalistes, alignant des cases comme en BD, et non en s’inspirant du cinéma comme certains de ses pairs. L’ouvrage y gagne en caractère, le tout est rude, presque brute, à l’image de ce qu’il veut dépeindre, avec un réalisme touchant pour la passion qu’il démontre. Soakette