la grand-mère (Balthazar, épisode 10)

Publié le 30 juillet 2014 par Dubruel

Bien née,

Comtesse fortunée,

Veuve, libido

A zéro,

Nadège, sa grand-mère

Habitait un manoir

Sans baignoire

Ni frigidaire.

Elle n’avait de cesse

D’arroser son diocèse

En larges générosités,

Sans jamais compter.

Il y a vingt ans,

L’évêque reconnaissant

Fit nommer la comtesse

Chanoinesse

Du Saint-Sépulcre.

Fiat lux !

Un tel privilège

Autorisait Nadège,

À employer une nonne, gratis,

Toute dévouée à son service.

Alors, d’une abbaye voisine,

Elle a débauché une religieuse

Aux formes adipeuses,

L’air un tantinet

Benêt.

La nonne

Faisait la bonne

(Ménage, cuisine…),

Conduisait le petit cabriolet

De sa grand-mère

Et récitait avec elle les prières

Du soir,

Dieu, qu’elle était méritoire !

Néanmoins la chanoinesse

Avait un vice.

Elle buvait sans cesse

Tavel, Médoc, pastis,

Porto, cognac, aquavit,

Vodka, rhum, eau de vie…

Depuis 2005,

Elle n’avait plus l’esprit sain.

La nonne devint infirmière.

Pour soigner la grand-mère.

L’épouse de Jésus-Christ,

Lasse de tout faire,

Vivait l’enfer.

La bonne

Nonne

Se mit,

Elle aussi,

À boire coups sur coups

Pour tenir le coup.

Un jour, sans doute cuvant,

Elle s’est endormie au volant :

L’auto fracasse un saule pleureur :

Les deux femmes meurent.

Baltha a imaginé que le Seigneur,

Au ciel, leur nouvelle résidence,

A su profiter de leurs compétences :

La religieuse dut obtenir le monopole

Du transport des pochards

Et la chanoinesse

A sans doute eu le bol

De tenir le tiroir-caisse

De l’Eden bar.