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Nouvel emploi, licenciement, retraite... gestes qui sauvent ?

Publié le 30 juillet 2014 par Christophefaurie
Une journaliste me prend par surprise. Au lieu de changement collectif, elle me parle de changements individuels. Que faire lorsque l'on change de travail, ou que l'on est licencié, ou encore que l'on part à la retraite ? (Son article paraît dans un magazine de santé.) 
En fait, ces changements ressortissent au "recadrage". Il s'agit de réinventer sa réalité. 
CHANGER D'EMPLOYEUR Je constate que le changement d'employeur est source de souffrance. Raison : nous arrivons dans la nouvelle entreprise plein d'illusions. Nous croyons qu'elle aura des avantages qui manquaient à l'ancienne. Or, elle a surtout une culture différente de l'ancienne. Et l'ancienne culture est devenue une seconde nature pour nous. C'est un peu comme si nous arrivions dans un pays exotique. Seulement, nous ne nous en rendons pas compte, parce que ce pays parle notre langue et semble partager nos coutumes. Il se passe alors quelque-chose d'étrange. Nous connaissons, de temps à autres, des déconvenues incompréhensibles. Les conditions d'une dépression sont réunies. 
Que faire ? Observer. Mais sans être passif. Soyez curieux. Je dis à mes élèves qu'ils sont les anthropologues de leur entreprise. C'est en voulant comprendre ce qui la fait réussir, en étant sensible à ses bizarreries (paradoxes) que l'on voit apparaître ses ressorts cachés ("hypothèses fondamentales"). 
Connaissez-vous l'histoire de Mermoz à l'Aéropostale ? Mermoz passe un entretien d'embauche à l'Aéropostale. On lui demande de piloter un avion. Il fait moult acrobaties. Recalé. A l'Aéropostale on vole droit. Il reprend l'avion et vole droit. Il est embauché. 
Question critique qui doit guider votre enquête : qu'attend-on de vous ? Généralement, pas ce que vous pensez. Beaucoup plus simple (et chiant). Attention, c'est un examen de passage. Une fois que vous aurez prouvé que vous pouvez voler droit, alors vous pourrez, et devrez, faire preuve d'initiative. Comme Mermoz.
LICENCIEMENT ET RETRAITE Anecdote. Une personne, livide, elle doit prendre l'avion. Elle a peur. Elle a un casque de moto dans les mains. Mais la moto, c'est infiniment plus dangereux que l'avion ! lui dis-je. Oui, mais on a l'impression de maîtriser la moto. Pas l'avion. 
Etre licencié, partir à la retraite sont des changements subis. Ils provoquent le deuil. Comme le dit mon dernier livre, l'antidote du deuil est la "responsabilité", c'est-à-dire prendre son sort en main. 
Le problème du licencié, c'est qu'il se croit incompétent. Bilan de compétence ? Oui et non. Les compétences des bilans sont ordinaires (commercial...). Or, l'examen d'un homme ayant un peu d'expérience montre qu'il a un savoir unique. Par exemple il réunit deux caractéristiques antinomiques (il est créatif et scrupuleusement rigoureux, etc.). Prendre conscience de cela vous gonfle à bloc.
De là on se demandera où ce savoir unique peut faire merveille. Technique "test d'argumentaire". Allez voir des gens "de bon conseil" et parlez leur de vos idées : que feraient-ils à votre place ? Peuvent-ils vous indiquer une autre personne de bon conseil pour affiner votre enquête ? Il arrive souvent que vous trouviez un employeur en cours d'enquête. 
Quant à la retraite. Un peu différent, plus pervers. On arrive aujourd'hui à la retraite au sommet de ses forces intellectuelles, et dans une bonne condition physique, et on peut y demeurer vingt ou trente ans, voire plus (cf. Stéphane Hessel). Or, jusqu'ici, on était propulsé par la pression sociale. Fini. Si l'on ne veut pas devenir un légume, il faut s'inventer un moteur. Même technique que précédemment. Mais, en ayant une bien plus grande ambition. De changer le monde ?

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