Le détail qui tue. Ca ne loupe pas !
La presque cinquantaine fringante. Il la fait tout de noir vêtu. Profession reporter. Démarche vive, poignée de main ample, il dégaine sa carte de visite à tire-larigot. Elles sont soigneusement rangées dans la petite boite plastique. La voix est grave, volontiers suave. L'oeil traque la connivence. Y parvient.
Matin. Attablés. Dernier brifieng avant le reportage. On cale l'esprit du document, on évoque les lieux où poser la caméra, on scrute le soleil et le sens du vent, définit qui sera interviewé, où, pour dire quoi.
Il s'écoute poser les questions, note les réponses d'un stylo distrait. L'oeil glisse avec de plus en plus d'insistance. Sur la droite. Il a bu son café. Mangé le carré de chocolat. Mais ça le titille. A quelques dizaines de centimètres trônent des croissants. Au milieu, un plat contenant un coulis de fruits rouge. Ca le tente, ça le tire, ça l'attire.
Soudain, le cowboy dégaine. Sa main s'étend, saisit, trempe, se joint au bras pour véhiculer la fournée vers les marches du palais. La bouche s'ouvre. Du talent. Du grand art !
Ce fut ample, rapide, brusque. Mais… trop brusque. Ca fit splatsch. Du coulis sur la chemise s'effondra. Il ne le vit pas tout de suite. La cravate aussi se mit à rougir. Légèrement. Le matador venait de salir d'un coup d'un seul tout un univers d'apparat. Un peu de coulis qui coule et qui colle et ça cale. Plus rien ne fut pareil.