Je continue mon article sur le recueil d'extraits choisis de Paul Eluard: J'ai un visage pour être aimé.
J'ai parlé dans un article précédent des débuts poétiques de 1914 à 1935, de Paul Eluard, ici:
Je vais maintenant poursuivre avec la deuxième partie de l'écriture poétique Eluardienne.
La révolution poétique surréaliste devient peu à peu une poésie engagée mise au service de la Révolution Politique.
Les yeux fertiles, on sent que le contexte social, politique et culturel a une influence considérable sur l'écriture : la Guerre civile en Espagne, le Front Populaire... C'est à ce moment-là que les Surréalistes veulent mettre leur art au service de grandes causes. La Révolution Surréaliste est en train d'enfanter la Révolte Surréaliste.
- Il y a deux espaces prédominants chez Paul Eluard: l'intérieur (le couple, le foyer, la demeure...) et l'extérieur (la ville, les rues et ses émeutes...).
- Le contraste tangible entre l'intimité et le monde extérieur permet de relier deux versants de la poésie surréaliste: l a poésie amoureuse et la poésie engagée.
- Les Mains libres (1937): Poésie orientée vers un principe fondamental: la liberté. Ce recueil semble présenter une accalmie, une sérénité de courte durée. C'est un semblant de trêve avant le pire, le calme avant la tempête. profite de l'i nstant comme s'il pressentait que le pire restait à venir.
- Cours naturel (1938) fait montre d'une poésie plus sobre et beaucoup plus tragique. Ce sera le dernier "legs" de l'écriture surréaliste pour André Breton avec un exercice d'écriture automatique mis en exergue. Ce recueil montre bien la fin des jeux surréalistes puisque l'avenir ne sera dorénavant plus matière à jouer ni à rire.
- Le poète semble en mal de mots: il pose la question un peu en avance: "peut-on tout dire?" La poésie sera-t-elle capable de tout dénoncer? de tout décrire?
- Donner à voir repose essentiellement sur l'angoisse, le sang, la mort et l'horreur qui se trament dans ce contexte houleux. Nous sommes en 1939... La poésie solaire initiale sombre peu à peu dans les profondeurs telluriques.
- Les Médieuses, recueil publié la même année est un chant de désespoir qui annonce l'Apocalypse.
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Le livre ouvert est un bilan, une réflexion sur le monde en mouvement. On note un changement sordide et tragique qui influe sur l'écriture du poète. La misère, la mort, les martyrs semblent régir le monde des années 1940 et c'est tout à fait perceptible dans ce recueil. La poésie n'est plus un chant, elle est un cri de l'homme face à la cruauté, face à l'horreur humaine.