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Atelier de traduction 1 : Rula Jurdi ( poèmes traduits de l'arabe)

Par Ishtar @nadjaproduction
Une Élégie pour elle comme une métaphore
Rula Jurdi
1-La voix qui me reste de toimène Séville à la couronne briséeEt chuchote dans l'oreille du Wisigothle rire de TareqTa voix est sur le point deme réprimanderElle atteint le mur de l'âmeElle attend que je l'enveloppe  deton châle bleuTa voix me soulève dansma profondeurMais tes mains ne sont pas làpour m'enlacerNi un coeur pour se surpasserdans la beautéLe cercle ne touche sa plénitudeque dans la mort
Ton absence défait les rideauxdes théâtresEt je dois à présent oeuvrerdans la vieDans mon coeur ta voixest une dernière gazelleGoutte après goutte mon poulsest un rosaire dans mes veinesLes cordes dans tes mainsJe suis entréedans le tremblement finalTu t'es solidifiéedans la mort
Le sable a cimenté les arbresIl a dansé jusqu'à la fin de la nuitPuis s'endormit la rosesur les lèvres d'une lettreentrouverteLa passion me remplittransparaissant de mes yeuxJe me frappe contre DieuNotre adieu est un soleilà la gorge serréeEt l'eau ressemble aujourd'huià un champ de cotonentraînant une neige d'inondationLaisse avec moi ta voixet n'aies crainteTu demeures dans le regarddes silencieux
Al-Khansa vint me voir pourpanser ma plaieJe lui demandai :peut-on s'échapper du poème ?Tel un mannequin elle réponditSa bouche est un corpsinassouviEt ses yeux réputés pourses pleurs  Reprochèrent à Sakhrles cadeaux qu'il me fitIl cria : si je meursma soeur se déchirerala peauLe coq versera son cridans ses yeuxDes mots jaillironsde lèvres qui ne meconnaissent pas
Pour Sakhr la citadellefortifiéeLes Arabes protégés de l'oublile couvrent d'éloquenceEn multipliant ses lauriersMais plus jamaisma soeur ne recevral'élégieDéguisez-la dans les métaphoresparlez avec un accent légerQue les pleureusesvident leurs larmes dansla merSa voix en moiest un printempsdans ma poitrine serréeUne musique surles rives du cielPrête à prendre forme
-1-رثاءٌ لها في مقام المجاز
صوتُكِ الباقي هنا منكِيحملُ إشبيلية الى التاجِ المكسورويهمسُ في أذُنِ القوطيِّ ضحكةَ طارقْصوتُكِ  يوشكُ أن يعذِّبنييأتي حتَّى حائطِ الروح،ينتظر أنْ أُعطِيَكِ شالَكِ الأزرقصوتُكِ يرفعني إلى عمقيلكنّه لا يجد يديكِ تضمّاننيأو قلبًا في الجمال يضاهيهولايستكملُ استدارةَ الدائرةإلاّ بالموت
يفكُّ غيابُكِ خيطانَ المسارح ِوعليَّ الآن أن أجيدَ الحياةصوتُكِ آخر غزالةٍ في القلبالنبضةُ للنّبض مسبحَةٌ في عِرقيوالسلكُ في يدِكِدخلتُ ارتجاجَ الموتودخلتِ أنتِ في ثبوتِ الموت
الرملُ  سقَّفَ الشجرَرَقَصَ وعربدَ لآخِر وَتْرٍ لنافنام وَرْدُ الحرفِعلا الشَّوْقُ عليَّوتسلّقَ  إلى الحدقتينفأنا أتلاطمُ مع الإلهالوداعُ حَلْقُ شمسٍ مُغلقٍوالماءُ قام اليومَ كسهلِ قطن ٍحاملاً ثلجَ الطوفاندعي صوتَكِ معي واطمئنّيفأنت في عينِ الصامتين
تمر ُّبيَ الخنساءُ لتعصبَ جُرحيأسألها:  هل من الشعر فرار؟تقول كعارضةِ أزياءٍجسدُها فمٌ غيرُ ملآن،وعينٌ تشتهرُ بالبكاءلاموا صخرًا على هداياهُ ليفتبجّحَ: إنْ متُّ ستشُقُّ أختي جلدَهايرمي الديكُ صيحتَه في عينيهاوستنطقُ أفواهٌ ما كانت تعرفني
لصخرٍ برجُ شِعرٍ منيعويُعصَمُ العربُ من النسيانغَطّوه بالبلاغةِوأكثِروا من غارِ القوّالينأمّا أختي فما عادت تستقبلُ الرثاء،أُكسوها بالمجازِ وأَلحِنوا قليلاأَطْلِقوا سراحَ البكّائينولْيَرموا في اليمِّ بأدمُعِهمصوتُها الباقي معيربيعٌ يُقفلُ الضلوعمقامٌ يصلُ بحافّةِ سماءٍ تتكوّن
Extrait de Ghilaf al-Qalb, (La Peau du Coeur), Nelson éditeur, Beyrouth- Suède, 2013Traduit de l'arabe par Nadine LtaifAtelier de traduction 1 : Rula Jurdi ( poèmes traduits de l'arabe)

Rula Jurdiest professeure associée d'histoire islamique à l'Université McGill à Montréal. Ses publications portent sur l'histoire intellectuelle et socio-politique des sociétés Chiites, incluant des articles, des entrées encyclopédiques et deux livres, le dernier étant écrit en collaboration avec Malek Abisaab. Elle a publié un certain nombre de poèmes dans les journaux libanais, américains et iraquiens. Elle a traduit des poèmes arabe en anglais, incluant ceux de Khalil Hawi, Mahmoud Darwish et Talal Haydar. Son roman Al-Khathâfa (La densité) est publié chez Nelson éditeur (Beyrouth et Suède). Le roman tisse trois histoires de la guerre civile libanaise marquées par le déplacement, l'amour inassouvi et le dérisoire. Son recueil de poésie, Ghilaf al-Qalb (La Peau du Coeur) est publié en 2013 chez le même éditeur. Elle a participé à de nombreux forums littéraires et culturels aux États-Unis et au Canada comme "Al-Andalus, mémoire de la Poésie arabe", à l'Université Yale (1991), la Littérature dans la Traduction et l'Histoire au Collège Skidmore (1996) et "La liberté de créer", par le Cénacle culturel Liban-Québec à Montréal (2013)



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