Et te voici permise à tout homme est le combat d’une femme pour la reconquête de sa liberté. À travers son regard, nous découvrons des aspects peu connus du judaïsme. J’ai été étonnée de constater à quel point la Torah préconise le respect mutuel dans la vie conjugale tout en plaçant dans un même temps la femme sous l’emprise totale de son mari.
En tant que femme, je me suis sentie révoltée par la situation d’Anna dont le seul tort a été d’épouser un homme qui n’avait aucun sentiment pour elle. Le fait que toute la narration repose sur ses émotions ajoute à ce sentiment identification car, en tant que lecteur, on partage sa colère, son impuissance et son incompréhension face au chantage de son ex-mari et au manque de soutien des autorités religieuses.
Un livre fort, émouvant, poignant mais triste, qui se lit d’une traite. Hymne à la vie et à l’amour, il pose aussi question et nous pousse à nous interroger sur la domination qu’exerce le monde religieux sur les individus. Car Anna, pratiquante depuis son enfance, n’envisage pas un seul instant de tourner le dos au judaïsme pour vivre pleinement son amour.
Malheureusement, ce n’est pas un roman qui se termine bien, l’auteur laissant une porte grande ouverte, permettant à Anna de recommencer une nouvelle vie sans nous en dire davantage. Pour moi, cette chute a été une surprise et on reconnait bien là le talent d’un grand auteur, qui arrive à nous étonner jusqu’à la dernière ligne.
Très bien écrit, Et te voici permise à tout homme est le premier roman que je lis d’Eliette Abecassis. Véritable coup de cœur malgré le sujet difficile, il sera sans aucun doute suivi d’autres romans de l’auteure.
Et te voici permise à tout homme – Eliette Abecassis – Editions Albin Michel – 2011