Le psychédélisme revient à la mode ces derniers temps. Vous en soupez à toutes les sauces : électro (Darkside, Caribou), punk (Thee Oh Sees, Ty Segall), stoner (The Black Angels), folk (putain de hippies !) et même pop, sans compter les rééditions des glorieux aînés (The Grateful Dead, pour ne citer qu’eux). Comme pour tout, il y a beaucoup à jeter dans les trop nombreuses récentes sorties.
Les gandins de Woods, eux, sont à garder… en tout cas, c’est notre point de vue – on dit ça, on dit rien. Point besoin d’une prise de LSD pour apprécier le dernier album des New-Yorkais, With Light And With Love. C’est frais, c’est fin, ça s’écoute sans faim sur la route des plages, mais c’est plus complexe que c’en a l’air. On est là dans l’orfèvrerie pop largement inspirée par les scarabées période Revolver. Et ça commence fort par une ballade folk, Shepherd, rythmée par un honky tonk piano, au refrain impeccable, ornée d’effets de pedal steel nous envoyant directement sur un surf dans les rouleaux hawaïens. Les gars, en revanche, l’espèce d’autotune dans la voix, on évite… On monte ensuite le volume et on tourne le potard psyché rock direction la West Coast avec un morceau, Shining, lorgnant vers les Byrds, les orgues grinçants remplaçant les effets cool. Puis c’est l’arrivée des solos de guitare bien psyché (With Light And With Love) bien comme il faut. La cavalerie est lancée, l’orgue Hammond toujours présent, les voix en avant, chœurs ciselés et refrain acéré faisant mouche. Seule petite fausse note du disque, la ballade qui suit, Moving To The Left, peut être plus dispensable pour son côté trop conventionnel, mais beaucoup de groupes leur auraient sans doute bien piquée pour autant. Incartade très vite oubliée avec le titre suivant, New Light, sublime à nous briser notre petit cœur de popeux. On retrouve là les boucles distordues d’un Jim Noir vous projetant instantanément à l’intérieur d’un kaléidoscope à remonter le temps. Encore tout chose à cause de cette expérience, on grimpe dans le van direction San Francisco. On est dans la cool music des 60′s, pas très loin du standard Like A Rolling Stone, le chanteur Jeremy Earl singeant sans excès la voix du Zim, mais l’atterrissage se fait ici en douceur (Leaves Like Glass), non sans rappeler les productions déjà anciennes des Irlandais de Hal, des précieux The Shins ou encore des plus éphémères The Thrills. L’ombre de Lennon plane ensuite surTwin Steps (pourtant très Paperback Writer dans l’intro… flagrant, mais c’est tellement bien fait), rejoint par un Ray Davis qui aurait eu sa période Summer of Love (Full Moon). Avec Only The Lonely, on est moins dans le passé mais toujours dans le même registre, une pop ensoleillée intemporelle. Une couleur lumineuse irradie tout le disque ; « with light and with love« , c’est exactement ça. L’album se termine par un morceau (Feather Man) qui n’aurait pas dénoté sur la BO de Dead Man du Loner, plus âpre et sans artifice. La fête est finie, le rideau sur l’été est tombé, mais que ces dernières semaines auront été belles grâce à Woods.
Pas de panique cependant. Les Américains viendront rallumer la lumière lors d’une tournée française à la rentrée, dont le grand moment sera sans aucun doute leur prestation au festival Lévitation les 19 et 20 septembre 2014 (pendant angevin de l’Austin Psych Fest – Hartzine y sera et nous vous en reparlerons largement dans les prochaines semaines).