C’est bêta,
Mais n’étant guère téméraire,
Baltha a peur des attentats
Et redoute la guerre.
Alors, depuis un mois,
Il s’est réfugié
À Clichy-sous-Bois.
Là, parmi
Tous ceux qui bénéficient
De la nationale hospitalité,
Il se sent en sécurité.
Pour saluer son taulier,
Il relève son bonnet
Pakistanais.
Sa barbe noire pousse dru.
Quand il sort dans la rue,
Il entoure son cou
D’un turban
À carreaux noirs et blancs.
Quand il sort de sa casbah,
Il porte souvent djellaba,
Babouches
Et tarbouche.
Il adresse du mieux
Qu’il peut
Mille salamalecs
À ses voisins.
Il apprend midrash et sourates
Et prie Allah.
Ça vous épate !
Il récite le chehada.
Et quand, pépère
Rend visite au rabbin,
Il se colle des phylactères
En vrai juif maghrébin.
Ça lui suffit ?
Non. Tel un soufi,
Il va pèleriner à la Mecque.
Il s’est mis à l’oud
Et joue du kanün
Comme pas un.
Un jour, pour fayoter,
Il n’a pas hésité
À demander à Ali
Comment devenir mufti.
Pour qu’on ne lui casse pas les pieds,
Il a, par précaution, installé
Chez lui un moucharabieh
…En fil barbelé.
Bref, pour lui, pas question
De devenir un émigré
Français.
Et fi du qu’en dira-t-on !
O mon dieu,
Ayant récemment senti
Poindre un nouveau danger
Plus économique que religieux,
Il s’apprête à déménager.
Après avoir hésité entre Ivry,
Vitry ou Paris 11, 12, 13, ou 18ème.
Il a opté pour le 20ème.
Suite à une crise de foie,
Sa peau est restée jaune-coing,
Comme celle des Chinois.
Il a demandé au chirurgien du coin
De tirer ses yeux en amende.
Il lit les journaux de propagande
Et se délecte
Des préceptes
De Bouddha.
Il se nourrit
De riz,
Mange du rat
Et des nems à la baguette.
Il se fait une fête
De défiler le jour du Têt
Grâce à son choix de vie judicieux,
Baltha n’est plus jamais anxieux.
Il ne se casse pas la tête
Et quant à sa retraite,
Il ne s’en fait pas :
L’envahisseur la paiera !