Immigration franco-française (Balthazar, épisode N°9)

Publié le 29 juillet 2014 par Dubruel

C’est bêta,

Mais n’étant guère téméraire,

Baltha a peur des attentats

Et redoute la guerre.

Alors, depuis un mois,

Il s’est réfugié

À Clichy-sous-Bois.

Là, parmi

Tous ceux qui bénéficient

De la nationale hospitalité,

Il se sent en sécurité.

Pour saluer son taulier,

Il relève son bonnet

Pakistanais.

Sa barbe noire pousse dru.

Quand il sort dans la rue,

Il entoure son cou

D’un turban

À carreaux noirs et blancs.

Quand il sort de sa casbah,

Il porte souvent djellaba,

Babouches

Et tarbouche.

Il adresse du mieux

Qu’il peut

Mille salamalecs

À ses voisins.

Il apprend midrash et sourates

Et prie Allah.

Ça vous épate !

Il récite le chehada.

Et quand, pépère

Rend visite au rabbin,

Il se colle des phylactères

En vrai juif maghrébin.

Ça lui suffit ?

Non. Tel un soufi,

Il va pèleriner à la Mecque.

Il s’est mis à l’oud

Et joue du kanün

Comme pas un.

Un jour, pour fayoter,

Il n’a pas hésité

À demander à Ali

Comment devenir mufti.

Pour qu’on ne lui casse pas les pieds,

Il a, par précaution, installé

Chez lui un moucharabieh

…En fil barbelé.

Bref, pour lui, pas question

De devenir un émigré

Français.

Et fi du qu’en dira-t-on !

O mon dieu,

Ayant récemment senti

Poindre un nouveau danger

Plus économique que religieux,

Il s’apprête à déménager.

Après avoir hésité entre Ivry,

Vitry ou Paris 11, 12, 13, ou 18ème.

Il a opté pour le 20ème.

Suite à une crise de foie,

Sa peau est restée jaune-coing,

Comme celle des Chinois.

Il a demandé au chirurgien du coin

De tirer ses yeux en amende.

Il lit les journaux de propagande

Et se délecte

Des préceptes

De Bouddha.

Il se nourrit

De riz,

Mange du rat

Et des nems à la baguette.

Il se fait une fête

De défiler le jour du Têt

Grâce à son choix de vie judicieux,

Baltha n’est plus jamais anxieux.

Il ne se casse pas la tête

Et quant à sa retraite,

Il ne s’en fait pas :

L’envahisseur la paiera !