Salut papa, ça va ? - Ca va et toi ? Maman est à côté, je mets sur haut-parleur. - Salut Lolo ! - Salut maman, ça va ? - Ca va, oui. Alors, tu es en congé ? - Oui. - Tu viens nous voir ? - En fait je reste une semaine à Paris, j’ai un truc à faire. - Tiens nous au courant. - Oui. Sexe, drogues et rock’n'roll ! D’accord, c’était plutôt « Oui, bisou. »
Si mes parents attendent ma venue dans le sud depuis trois mois, j’attends celle des UV Race en France depuis trois ans. Je repousse donc les vacances prévues pour un concert que je n’envisageais même plus. Les australiens ont déjà sorti un 1er album quand je les découvre en 2011 avec le velvetesque Homo. S’ensuit un Racism tout aussi primitif dans l’esprit, moins dans le son. Ce dernier fait définitivement entrer les UV Race dan MA légende. Dernièrement, le label français XVIII Records (interview ici) a sorti leur dernier maxi, un Queens of Punk délibérément rudimentaire de par ses morceaux et sa pochette qui rappelle celle du premier album de Beat Happening. Je n’ai jamais touché une seule note des UV Race à personne. Alors quand j’ai appris qu’ils faisaient enfin leur première tournée dans l’Hexagone, j’ai brisé ce silence idiot et fait une propagande qui flirtait avec le harcèlement. En ce 24 juillet, je traîne à la Mécanique Ondulatoire un ami peu enclin à la musique des australiens sur album, persuadé avec une foi quasi-religieuse que le concert auquel il va assister va le faire changer d’avis.
Et ce soir, je suis loin d’être le seul à troquer le bronzage au soleil sur la plage pour un bronzage aux UV Race dans une cave. On a eu de jolis échos de Toulouse et Bordeaux, les afficionados franciliens affluent en nombre le sourire aux lèvres et eux aussi ont tenu à amener cet ami peu convaincu. Les UV Race sont aussi détachés que leur musique. Une note jouée est égale à un sourire, l’humeur est aussi douce que les lignes de guitare d’Al Montfort sont menaçantes. La complicité des six est renforcée par l’étroitesse de la scène et par le chanteur Marcus qui se tourne sans arrêt vers ses amis pour leur jeter des regards chargés de bienveillance. Energie et simplicité semblent être les mots d’ordre des UV Race en studio comme sur scène. Les morceaux gravitent autour du punk : un joyeux bordel de proto punk à la Velvet Underground (Girl in my Head) et de post punk à la The Fall (Raw Balls). Même après le concert, chacun y va de sa comparaison avec les grands. Un ami me parle de leur côté Stranglers pendant que Fabrice, chanteur de Frustration, relève le caractère répétitif à la The Fall. Le mot de la fin revient à Mark, gérant de la boutique de disques Born Bad. Il me dit cette chose qui m’effraie quand je pense à l’engouement que je peux avoir pour un groupe : « Les UV Race n’ont sans doute rien inventé… » mais – et ce sans forcément le savoir, il me rassure aussitôt : « … seulement ils ont ce truc en plus qui fait qu’on est venus aussi nombreux. » Et effectivement, les UV Race ont ce truc en plus qui fait que si Fabrice et mon ami sont venus à reculons ce soir, ils ne sont pas seulement repartis convaincus, ils sont repartis euphoriques. Mais ça, c’était évident.