Juillet morose dans les paiements

Publié le 29 juillet 2014 par Patriceb @cestpasmonidee
Après une phase de développement exubérant, le marché des paiements semble désormais s'être assagi, signe possible de lassitude, les initiatives échouant constamment à convaincre les consommateurs et les commerçants de transformer leurs usages… Les 5 exemples qui suivent le confirment très nettement : l'innovation marque le pas et ce ne sont plus là que répliques et variantes d'idées anciennes.
Sans rien apporter de nouveau, la seule annonce du mois susceptible d'avoir des répercussions à terme est l'acquisition par Twitter de CardSpring et sa plate-forme de connexion aux données de paiement. Grâce à celle-ci, le réseau social pourrait trouver une voie vers la monétisation, au-delà de la publicité.
A l'instar de Facebook, qui teste actuellement un bouton « buy » (acheter), Twitter tenterait ainsi de s'infiltrer dans le secteur de la distribution. La solution de CardSpring, destinée à concevoir des applications reliant les expériences en ligne et hors ligne par l'intermédiaire des cartes bancaires, lui permettrait par exemple de proposer aux commerçants de créer des « offres liées à la carte », activables directement dans le fil de messages de ses utilisateurs.
Un scénario envisageable pourrait commencer par une collecte des informations de cartes de paiement par Twitter, puis la publication de promotions (ciblées, de préférence), auxquelles les twittos souscriraient, selon leur intérêt, et qui seraient alors imputées automatiquement sur leur prochain achat qualifié. Le concept a déjà été testé avec American Express il y a plus de 2 ans, apparemment sans donner de résultats extraordinaires. Twitter seul fera-t-il mieux ?
Du côté des entrepreneurs, l'imagination semble aussi s'essouffler. En dehors de « tab », évoqué ici il y a quelques jours, l'une des principales nouvelles venues du mois est Payfriendz, avec – elle aussi – un concept de paiement entre amis, cependant plus classique, à base de compte virtuel et d'application mobile.
Cette dernière permet simplement de gérer les demandes de remboursement auprès de ses contacts et de suivre l'état du compte associé. Deux petites particularités, malgré tout, dans cette incarnation : les échanges entre les utilisateurs se mettent à la mode du tchat mobile en temps réel (ce qui devrait devenir rapidement un standard, au vu du succès d'applications telles que WhatsApp) et les transferts peuvent être réalisés indifféremment en dollars, euros et livres sterling.
Chez Google, son Wallet qui peine toujours à s'imposer continue néanmoins à s'enrichir de fonctions additionnelles. Parmi celles-ci, on retiendra surtout la possibilité de stocker dans le porte-monnaie virtuel les bons cadeaux de quelques grandes chaines (BestBuy, Toys'R Us, Sephora…), aux côtés de leurs cartes de fidélité.
Il n'y a donc rien là de très significatif, si ce n'est que ces ajouts successifs induisent une ressemblance de plus en plus notable entre la solution de Google et le Passbook d'Apple, tandis que les rumeurs sur l'introduction de fonctions de paiement dans le prochain iPhone vont bon train, comme d'habitude…
Revenons en France avec les dernières nouvelles de Paylib, le paiement sur internet bien de chez nous, auquel Crédit Mutuel Arkéa annonce [PDF] son ralliement, aux côtés des 3 banques fondatrices, BNP Paribas, La Banque Postale et Société Générale, portant le marché potentiel d'utilisateurs à 24 millions de personnes.
Paylib se vante par la même occasion d'avoir conquis, en presque un an, 500 e-commerçants – ce qui semble bien peu – et 250 000 consommateurs – soit à peine plus de 1% de sa cible (initiale), pourtant captive et fortement sollicitée. La simple copie, largement incomplète, d'un modèle existant (celui de PayPal) par les grandes banques hexagonales ne suffirait donc pas au succès ? Il est tout de même surprenant qu'un autre établissement se joigne à l'initiative tardivement…
Alors que les tentatives de percée des opérateurs de téléphonie dans le paiement NFC sont vraisemblablement sur le point d'être enterrées à jamais, Orange ne veut pas s'avouer vaincu et se tourne maintenant vers le marché du terminal de paiement mobile, avec son nouveau service « Paiement Pro ».
Composée d'une application pour smartphone et d'un lecteur de carte (Ingenico) à connecter via Bluetooth, la solution paraît terriblement banale en comparaison de celles proposées par les grandes banques (Dilizi par BPCE, Mobo par BNP Paribas, Smart TPE par Crédit Agricole et Monem Mobile par LCL). En revanche, les coûts (99 € pour le lecteur et 2,5% de frais sur les transactions) sont sensiblement plus élevés que chez la concurrence… Que peut donc bien espérer Orange avec une offre si peu attractive ?