Graphiste du mois : Alassane Dialo, cet amoureux des femmes

Publié le 28 juillet 2014 par Unionstreet

Chaque mois, Union Street met un nouvel artiste à l’honneur. Aujourd’hui c’est Alassane Diallo, pour qui le dessin est un exutoire qui nous parle de son taff. Amateurs de femmes tatouées, amatrice de tatouages, de symboles bien particuliers, cette interview est pour vous !


Union Street : Salut Alassane, première question, un peu classique, peux-tu tout simplement nous parler de ton parcours ?

Alassane : Tout d’abord merci pour cette interview, c’est cool de votre part ! Pour être honnête, mon parcours n’est sûrement pas le parcours ordinaire d’un illustrateur, c’est celui d’un mec qui cherche. J’ai commencé comme concepteur-rédacteur en agence de publicité, c’était la suite « logique » de mes études (communication & publicité). J’adore écrire, j’adore parler et j’aimais bien l’idée de créer, mais finalement j’en suis sorti presque aussi vite que j’y suis rentré. J’avais 22 ans, l’impression de ne plus avoir le temps de jouer et pourtant, sans m’en rendre compte je suis retourné vers ce que j’ai toujours aimé : le dessin. Sans but ni vision, juste comme un exutoire, faire ce que j’avais envie de faire. C’était il y a 2 ans et demi et depuis je noircis des feuilles !

US : Si tu devais décrire le style de tes travaux, a une personne qui n’en a vu ou croisé aucun, comment le ferais-tu ? Quels mots choisirais-tu ?

A : (Sourire) C’est la question la plus difficile. Mon style se trouve au confluent du Comics, du tatouage, du pop art et parfois du surréalisme. Je me rends compte que je travaille toujours avec une base noire, c’est ce qui contraste le mieux les couleurs ou fait le plus ressortir le blanc. J’ai un affect particulier pour les formes simples mais travaillées, j’aime pas trop les lignes droites et je suis amoureux des nénés (Sourire) !

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ALASSANE DIALLO A LA UNE D’UNION STREET ! 

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US : Alassane Diallo, j’imagine, qu’il s’agit de ton vrai prénom et nom, pourquoi ne pas avoir choisi un pseudo ou blaze comme de nombreux autres artistes ?

A : J’ai une réponse presque philosophique là dessus. Je ne dissocie pas qui je suis de ce que je fais et surtout je ne veux pas qu’on fasse de différence. Pour moi c’est intimement lié. La deuxième raison c’est que « Alassane » ça court pas les rues en France, quand j’étais petit, les gens avaient du mal à prononcer mon prénom, j’ai dû le répéter beaucoup de fois, je crois que ça m’a rendu fier de mon « blaze ». Je réfléchi très peu à ce qu’il est coutume de faire, je fais ce que je trouve bien pour moi sans juger ce que les autres font (sourire).

US : Qui sont tes références parmi les nombreux artistes que tu aimes ? Ou parmi ceux qui t’ont influencé quand tu as grandi ?

A : J’ai beaucoup d’influences, mais très peu de références, mais je vais en citer en vrac (sourire). Ma mère, la plus importante de toutes, elle dessine, peint, brode, fait des bijoux, c’est l’artiste la plus pluridisciplinaire que j’ai connu à ce jour et pourtant c’est pas son métier et pour le coup j’ai grandi avec elle, en la regardant faire, en l’admirant puis en l’imitant. Sinon Dave Gibbons un des scénaristes et dessinateurs de « Watchmen », à lire au moins une fois dans sa vie, Akira Toriyama, Bleu Noir (mes tatoueurs), dans une autre mesure le travail de Magritte et Dalì, c’est tellement immense, tellement vaste, y a tellement de réflexions et de questions à se poser. J’aime les questions.

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MA MERE EST MA PLUS GRANDE REFERENCE

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US : Tu as réalisé la couv pour notre magazine Union Street, comment tu t’y es pris ? Comment as-tu opté pour une femme au crâne rasé et tatoué ?

A : Modus Operandi : j’ai pris une feuille, un stylo et j’ai dessiné (sourire). Plus sérieusement ça faisait longtemps que j’avais pas testé un truc un peu nouveau, j’ai fait beaucoup de boulots de commandes cette année. J’aime les femmes, c’est un truc qui revient souvent dans mes dessins, j’aime les seins, les fesses, les nez fins, les lèvres pulpeuses. Ces attributs sont si parfaitement simples et simplement parfaits qu’ils sont super difficiles à reproduire. En l’occurrence, je me suis dit que la beauté c’était pas dans les cheveux, je voulais qu’on se concentre sur le visage, elle reste belle même sans cheveux. Je voulais dessiner une femme fière, forte, qui inspire la crainte et qui fascine en même temps, c’est une sorte de déesse, elle flotte dans un nuage, elle a des flèches dans le dos. Je t’avoue que c’est venu un peu comme ça, j’aime bien mélanger les trucs sérieux et légers, je ne suis pas très manichéen comme garçon.

US : Et le tatouage comme tu me l’expliquais, c’est un univers qui te parle ?

A : Ah le tatouage (sourire) ! Forcément oui, c’est un océan d’inspiration. D’ailleurs j’ai acquis mon quatorzième il y a peu ! L’Histoire du tatouage est fantastique, l’évolution aussi, ça m’a toujours fasciné. Ça dit beaucoup des gens, c’est intriguant, ça raconte, ça décore, parfois ça cache, c’est un des seuls choix de ta vie dont les conséquences seront irréversibles, rien que pour ça, je trouve que c’est fascinant. Je m’en inspire tant pour le style, comme le Traditional Tattoo américain et ses dérivés, que pour la philosophie que le tatouage m’inspire. J’crois que j’suis un mec qui aime philosopher.

US : Au fait, c’est quoi ton actu pro en ce moment ?

A :  Mon actu pro s’appelle vacances, mais on va dire que je viens de finir les deux gros boulots de mon année : un film d’animation illustré pour Cacharel et un album intégralement illustré pour le rappeur A2H. Là je suis en pause, ça permet de souffler, prendre du recul sur ce que tu as fais et réfléchir sur ce que t’as envie de faire à l’avenir. Je prépare une expo pour la rentrée, j’en montrerais une partie lors du concert/release party d’A2H, le 12 Septembre au Pan Piper et après on verra, j’irai où l’on m’invitera.

US : Un mot de la fin peut-être ? Si tu devais résumer ta carrière en un mot ?

A : Je ne cherche pas à faire carrière. Ça fait 7 mots, mais 7 c’est un bon chiffre (sourire). Merci Union Street !




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