Leurs robes sont blanches, brunes, noires, seuls ou en groupe ils paissent tranquillement, trottinent et « töltent » dans les plaines, les rivières et les chemins caillouteux de la campagne islandaise. Benedikt Erlingsson les filment de loin comme de près, de si près parfois qu’on peut apercevoir dans leurs pupilles les reflets diaphanes des hommes, maîtres omnipotents de leurs destins.
Tout cela aurait pu être terriblement ennuyeux. Heureusement, pour son premier long-métrage, Benedikt Erlingsson ne manque pas de cet humour brut et décalé dont usent les islandais pour parler de leurs concitoyens. Les stratagèmes éthylico-aqueux de Grimur par exemple, qui n’hésite pas se jeter avec son canasson dans l’eau glacé d’un fjord pour acheter quelques bidons d’alcool frelatée aux marins russes d’un chalutier qui passait par là, méritent le détour. Et puis les panoramas grandioses que nous offre Bergsteinn Björgúlfsson pour les images compensent largement l’absence de véritable histoire. Enfin, dans Des Chevaux et des Hommes, plus que des hommes, il y a des femmes. L’opiniâtreté de Solveg (Charlotte Bøving) et l’héroïsme de la belle Johanna (Sigríður María Egilsdóttir) illustrent l’influence et la place de l’autre sexe sur l’île. Disons prosaïquement qu’à l’instar de Juan Camillo, dont les résolutions vitales et chirurgicales constituent la scène la plus difficile du film, les femmes prouvent qu’elles aussi en ont.
Alors en selle. Ce film mérite qu’on galope le voir.