Service et infrastructure sont deux notions-clé dans la problématique des nouvelles mobilités et l’on pourrait croire que les solutions innovantes passeraient toutes par un processus de développement de lignes ou de plateformes. Et si l’on pensait collaboration et amélioration de l’existant ? Comme le soulignait dernièrement Christian Proust, Président du Syndicat mixte des transports en commun du Territoire de Belfort, les moyens financiers nécessaires à la création de nouvelles infrastructures correspondant aux besoins futurs de déplacement dépassent les capacités financières des pouvoirs publics.
Sur le territoire de Belfort, l’option retenue est celle de réfléchir à partir des attentes précises de l’usager, en utilisant des outils statistiques fins permettant une compréhension précise des déplacements – leur quantité, leur fréquence, leur objectif. Cette approche « matrice » implique de revoir la logique de propriété au profit de l’usage, d’où des économies substantielles pour les ménages comme pour l’Etat et les collectivités territoriales.
Ces réflexions sont à replacer au sein des débats sur la consommation collaborative et l’économie du partage où les questions de mobilité partagée ont toute leur place. Dans Vive la corévolution d’Anne-Sophie Novel (à paraître le 23 mai), l’accent est mis sur le passage d’une société de l’accumulation et de la propriété vers un monde du partage et de l’accès. L’idée est notamment de mettre en avant les marges de manoeuvre de l’usager automobile dans un contexte d’appréciation du prix du carburant et de congestionnement accru des axes de circulation.
Les outils technologiques donnent une application à ces idées qui pourraient rester du domaine de l’utopie. Par exemple, le carsharing/autopartage Autolib’ est maintenant pourvu d’une application iPhone qui permet d’accéder instantanément à une information en temps réel sur les voitures à disposition, sur le même principe que les logiciels de covoiturage dynamique Covisoft ou Ecolutis.
Nombreux sont les avantages du de la consommation collaborative du côté du covoiturage. Moins de frais d’entretien, d’assurance et de carburant ; optimisation du temps de trajet ; plus de convivialité et d’échanges avec voisins et collègues ; des technologies de l’information et de la communication qui délivrent des données correspondant aux besoins immédiats des conducteurs et des usagers ; bref un espace de liberté qui s’ouvre pour ceux qui favorisent ou dépendent de la voiture et qui souhaitent revoir leur rapport aux quatre roues. Cette nouvelle liberté fait contrepied à la contrainte ressentie par les conducteurs automobile conduits par la force des choses à modifier leurs habitudes. La voiture pourrait ainsi devenir l’un des outils les plus importants de l’économie du partage.