Les opposants à l’autoroute applaudissent la décision de la ministre de l’Écologie. Les élus locaux crient au scandale et en appellent à l’arbitrage du Premier ministre.
Le maire de La Rochelle, Jean-François Fountaine (divers gauche), est « atterré ». Le président du Conseil général de la Vendée, Bruno Retailleau (UMP), est « révulsé ». Le député Olivier Falorni (divers gauche) est « consterné ». Comme on pouvait s'y attendre, le faire-part de décès de l'autoroute A 831 publié par Ségolène Royal dans les colonnes de « Sud Ouest » (notre édition de samedi) a suscité la colère des élus locaux, de gauche comme de droite.
Ils dénoncent d'une même voix « le mépris » dont fait preuve à leur égard, selon eux, la ministre de l'Écologie. « Cela fait des mois que nous lui demandons un rendez-vous, en vain, affirme Bruno Retailleau. La seule réponse, nous l'avons eue samedi par voie de presse ! » Pour Olivier Falorni, c'est une décision « totalement autocratique » : « Une seule personne prétend tuer un projet qui fait l'union sacrée. »
« Aliénor d'Aquitaine »
La ministre de l'Écologie est accusée de renier à la fois la parole de l'État et la solidarité gouvernementale. « Quand François Hollande est venu en Vendée, poursuit Bruno Retailleau, il nous a dit qu'il n'y avait pas de problème de principe, que nous devions nous entendre sur le financement. Ce que nous avons fait. Le ministre des Transports l'a écrit lui aussi en toutes lettres. » Bref, martèle-t-il, c'est « le fait de la princesse ! ». « Mme Royal se prend pour Aliénor d'Aquitaine. Mais nous ne sommes pas ses gueux ! »
Jean-François Fountaine et son collègue de Rochefort, Hervé Blanché (UMP), soulignent « l'importance de l'A 831 pour nos territoires ». L'un évoque le port de la Pallice, l'autre le pôle aéronautique. Tous deux mettent en avant les problèmes de sécurité, de qualité de vie, de développement économique qu'améliorerait, disent-ils, l'autoroute.
L'union sacrée prévaut aussi de l'autre côté de la barrière, chez les opposants. Qui jubilent. « C'est une excellente nouvelle, enfin nous sommes entendus ! », se réjouit Nelly Verdier, présidente de Vivre bien en Aunis. Elle souligne que la ministre reste fidèle à ses engagements de présidente de Région : « Elle a toujours été contre. Le Conseil régional avait refusé de participer au financement. »
Son association est membre du Collectif anti-A 831, tout comme Nature environnement 17. Pour son coordonnateur, Patrick Picaud, la nouvelle n'en est pas vraiment une non plus. « Ses propos s'inscrivent dans la droite ligne de ce que disent les services de l'État. Il n'y a plus d'argent dans les caisses et l'A 831 n'est pas prioritaire. Si les collectivités locales la veulent, il leur faudra la payer. »
Un argent public qui, pour Nelly Verdier, serait mieux placé s'il contribuait à engager la déviation de Marans et à améliorer les transports publics en Charente-Maritime.
Et le Marais poitevin ?
Le Marais poitevin, et son label de Parc naturel régional fraîchement reconquis, se retrouve otage de la polémique. « Une autoroute est totalement incompatible avec la protection des zones humides », tranche Patrick Picaud. « Pas du tout !, rétorque Bruno Retailleau. L'article 14 de la charte du parc rend compatible l'A 831. »
Et Jean-François Fountaine de renchérir : « Le président du parc, Yann Hélary, fait partie de mon équipe municipale. Il m'a assuré de son soutien dans ce dossier… »
Manuel Valls interpellé
Face à « tant de mépris et de mensonges », les élus en appellent à l'étage au-dessus. « Je demande l'arbitrage du Premier ministre, affirme Jean-François Fountaine. J'espère l'obtenir avant l'université du PS à La Rochelle. »
Il y a urgence en effet pour les partisans de l'A 831. La déclaration d'utilité publique sera caduque dans un an. « Elle ne peut pas être prolongée, affirme Nelly Verdier. Et si une nouvelle procédure est lancée, nous nous y opposerons. »
pm.lemaire@sudouest.fr