Lonely girl

Par Sukie

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours redouté la solitude sentimentale. Par conséquent, j’ai souvent été mal accompagnée. Je crois que je faisais partie de cette catégorie de gens qui portent le célibat comme un fardeau, pensant que l’amour est un vaccin universel, qu’il guérit tous les maux, referme toutes les blessures, accomplit des miracles.

Ca, c’était moi il y a dix ans, en recherche constante d’un partenaire pour créer mon paradis artificiel. Je ne sais pas d’où ça vient, mais c’était là, comme une tâche de naissance. En résultait des relations toxiques et des dépendances affectives. L’amour ne me libérait pas, il me maintenait la tête sous l’eau. Je n’étais plus avec quelqu’un, j’existais à travers lui.

Ainsi le Nous supplantait le Je. Et le Je disparaissait sous les décombres.

Avec du temps, du recul, et le bon mec, le Je est remonté à la surface. Pour être heureux à deux, il faut savoir être heureux tout court. Savoir vivre pour soi, avant de vivre pour nous. S’arrêter parfois de fusionner pour se laisser exister individuellement.

Bon, alors pourquoi je vous raconte tout ça. D’une part parce que j’ai dans mon entourage des gens dont le célibat rend profondément malheureux et que j’ai envie de les secouer, de leur dire de ne pas attendre d’avoir quelqu’un dans leur vie pour commencer à vivre.

Aussi parce que je vais avoir 30 ans dans quelques mois, et que j’ai commencé ma vingtaine dans des situations insensées de non-existence. Alors pour clore ces 20 ans de manière significative, j’ai décidé d’entreprendre mon premier voyage solo. Parce que j’en ai toujours eu envie, et parce que ça doit faire du bien de vivre à son rythme, de se retrouver avec soi-même. Je ne pars qu’une semaine… mais j’ai besoin de cette respiration. En novembre j’enfilerais  donc mon sac à dos pour me tirer en Islande, et profiter de cette liberté que j’avais moi-même décidé de mutiler dans ma folle jeunesse.