Mais pourquoi c’est complètement dingue ? Tout simplement parce qu’aucun labo n’y était encore arrivé. Jusqu’à présent les cellules souches provenaient des embryons. Les cellules embryonnaires à un stade précoce sont toutes des cellules souches, elles sont capables de donner n’importe quelle cellule, tissus, organe de l’individu. Et plus l’embryon se développe, plus les cellules perdent cette totipotence. Les cellules peu à peu se spécialisent vers une voie précise pour devenir en bout de chaîne « unipotentes », c'est-à-dire ayant « un seul pouvoir ». Elles ne donnent plus qu’un seul type de tissus. Ainsi, une cellule de peau ne peut logiquement que se diviser en cellule de peau. Elle est verrouillée, déterminée et elle ne pourra jamais donner que des cellules de peau. Au stade adulte, fini les cellules souches embryonnaires qui peuvent donner de tout.
Des récentes recherches ont cependant montré qu’il existait des cellules souches adultes. Mais rien à voir avec les cellules souches embryonnaires ! Ok, elles ont quelques pouvoirs sympas et un plus grand champ d’action qu’une cellule toute bête, elles peuvent par exemple renouveler tout un tissu, mais c’est tout. Ainsi, une cellule souche adulte sanguine est capable de repeupler tout le système sanguin en produisant toutes la population de cellules souches du sang, mais hors de question de se transformer en cellule de peau, d’oreille ou de pancréas!
D’où le tour de force de ces chercheurs. Ces cellules ont été transformées sans utiliser d'embryons ni d'ovocytes humains, ce ne sont donc pas des cellules embryonnaires, mais bien des cellules adultes reprogrammées pour être totipotentes. La communauté scientifique annonce déjà que c’est une découverte aussi importante que Dolly (vous savez, la première petite brebis clonée au monde). Appliqués à l'espèce humaine, ces résultats révolutionneraient l'ensemble des recherches sur les cellules souches et rendraient définitivement vaines les recherches sur l'embryon qui posent de graves problèmes éthiques.
Fantastique. Même si j’émets une petite réserve, soit ils ont réussi à reprogrammer des cellules pour qu’elles reviennent à un stade plus précoce, mais maintenant faut-il encore savoir les utiliser et les diriger vers la voie que l’on désire, et ça c’est une autre paire de manche. Affaire à suivre de près !
Par Céline Bousquet
Source : Nature et Cell Stem Cell du 6 juin 2007>