Magazine Culture

Pleurer en riant de l’Afrique?

Par Citoyenhmida

J’ai toujours eu une sympathie appuyée pour les auteurs subsahariens, car contrairement à nos compatriotes ils savent parler de leurs pays respectifs, avec une grande tendresse, tout en dénonçant les pires exactions qu’ils relèvent, tout en défiant les pires risques qu’ils courent!

Ils n’hésitent pas à faire usage d’une certaine autodérision, qui manque à nos écrivains à nous!

Ainsi  en est-il du congolais  Henri LOPES et de son roman “LE PLEURER-RIRE”, sorti chez les éditions PRÉSENCE AFRICAINE en avril 2003.

le-pleurer-rire

Dans ce roman que, en d’autres circonstances on aurait pu qualifier de “picaresque” – c’est à dire littéralement “dont le héros traverse toute une série d’aventures qui sont pour lui l’occasion de contester l’ordre social établi“, l’auteur nous décrit de l’intérieur le quotidien de la vie d’un chef d’état africain, en fait un petit militaire inculte arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’état.

Ce genre de situation est courant l’ensemble des nos pays africains et les conséquences sont les mêmes, partout, sous tous les cieux africains, dans toutes les capitales qu’elles soient perdues au fin fond de la brousse ou dans une grande métropole!

Les scènes décrites par le personnage principal du roman,  maitre d’hôtel chargé de veiller au petit confort personnel du”maréchal, président de la république, chef de l’état, président du conseil des ministres, président du Conseil National de la Résurrection nationale, père recréateur du pays, titulaire de plusieurs portefeuilles ministériels à citer dans l’ordre hiérarchique” sont d’une vérité hallucinante.

Elles aurait pu être vécues par n’importe quel potentat repu, ayant régné sur les terres africaines et s’étant pris, le temps de leur installation au sommet de leur pays, pour un “véritable chef d’état”!

Que ce soit les activités officielles, commentées  dans ce style si particulier propre aux journalistes tout aussi officiels comme en connaissent la plupart de nos pays, que ce soit les audiences accordées aux ambassadeurs des pays “amis et le lot des insinuations, des fausses promesses et des menaces déguisées qui s’y échangent, que ce soit les interventions personnelles de tel ou telle proche du Chef Suprême, rien n’échappe à l’œil de cet observateur privilégié.

Les scènes de la tentative de coup d’état avorté et de la situation ubuesque qui l’a suivi ont dû être vécues dans maintes et maintes capitales africaines et pas que subsahariennes.

Le roman de Henri LOPES présente, en plus de cet aspect descriptif, un vrai travail littéraire ; sa construction polyphonique est l’occasion pour l’auteur de nous faire savourer plusieurs registres de langues, passant au gré des personnages ou des intervenants du langage châtié et recherché à un autre plus rude, plus direct, sinon plus trivial quand ce sont les militaires qui parlent, ou encore à un troisième plus fleuri, plus imagé quand les gens du “pays” s’expriment.

Roman à lire absolument, parce qu’en le refermant on ne ressentir qu’une grande tristesse pour notre Afrique, mais jamais de l’aigreur ou de la pitié!

Henri LOPES, contrairement à beaucoup d’écrivains se disant engagés. nous fait rire et pleurer sur l’Afrique et ce faisant, il nous ouvre les yeux sur nos tares!


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Citoyenhmida 1351 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines