Mégane N'aimait Pas la Plage

Publié le 27 juillet 2014 par Hunterjones
(À É.K.)
Et ce n'était pas simplement en raison de cette fois où une mouette était venue lui arracher son sac de Cheetos des mains.
Belle fille, elle se sentait parfois regardée comme si elle était étalée dans un rayon de viandes au supermarché des mâles en rut.

De plus, elle sentait qu'entre filles, il existait une sorte de compétition sourde entre celles qui sauraint rester dignes, celles qui ne sauraient pas et qui seraient vite mentalement étiquetée "salope" ou "désespérément en manque d'attention", celles qui ne s'aimaient pas le corps et celles qui l'assumaient malgré tout.

Mégane n'était aucune de ses femmes.
Elle était, c'est tout.
Sans complexe, sans envies d'autre que de relaxer entre amies.
Et quelques fois ses propres amies devenaient elles-même méconnaissables, comme si soudainement, elles étaient sur une scène, devant un public que Mégane ne connaissait pas. Et ne voulaient pas connaître.

"Mais c'est vrai que notre comportement ne peut que changer, c'est comme si on était en sous-vêtements devant un paquet d'étrangers, c'est pas toujours facile à assumer pour toutes les filles!" lui avait dit une de ses amies quand Mégane avait soulevé le changement d'attitude une fois sur une plage.
De plus, existe-t-il un visage plus ridicule que celui de la personne qui a bronzé en raton-laveur, avec ses lunettes fumées, au visage?

Oui: le gars convaincu que son Speedo bouleverse mesdames.
Il la rend inconfortable, c'est certain. Attirée? Pas vraiment.
Et qui a décrété que la plage était le lieu idéal pour tenter de séduire un parti?
Elle n'allait jamais à la plage pour flirter. La femme n'était pas toujours une planète à conquérir.
Par mesure de sécurité inconsciente, Mégane et ses amies se plaçaient toujours près d'un sauveteur de plage. Pour se rincer l'oeil aussi, bien entendu, les lunettes fumées sont magnifiques pour ça, mais encore, Mégane trouvait ses amies un peu connes dans leur comportement, affectées de rires superficiels et inconnus ailleurs qu'à la plage, en présence du (potentiel)regard des sauveteurs de plage en leur direction.
C'est le côté "testons notre valeur marchande" qui l'agressait sur une plage. Mégane n'était pas de cette race.
Les foules l'ennuyait aussi. Mégane détestait les foules. Mauvais endroit pour détester les foules, la plage.

Marcher dans le sable, y a-t-il plus déséquilibrant que marcher dans le sable? Si elle voulait avoir l'air saoûle, elle n'avait qu'à marcher nu-pieds, avec ou sans sandales. Le sable bientôt partout où il ne faut pas.
Non, outre le fait d'être en compagnie de ses amies, elle n'aimait pas la plage.
Sauf ce jour-là où J.S. avait posé ses yeux sur elle. Des yeux  à la fois respectueux, admiratifs, intéressés et intéressants.

Ils s'étaient parlé. De l'un, de l'autre. Ils s'étaient découverts ainsi. À moitié déshabillés. Ils s'étaient plus.

Ils s'étaient d'abord contemplés puis, toisés, scrutés puis analysés avant de s'être vus.
Ils étaient tombés amoureux.
Qui a décrété que la plage était le lieu idéal pour tenter de séduire un parti?
Les hormones.
Mégane n'aimait pas la plage.
Mais elle aimait J.S.
Sommes à la plage pour une quinzaine.