Mon actuelle lecture de métro est un ouvrage sur le pragmatisme. Le pragmatisme est la philosophie de l’action. Le livre, lui, est une
discussion de docteur de la loi des subtilités et variantes de cette pensée, en
les comparant aux autres formes de philosophie. Un agréable exercice
intellectuel qui vide cette pensée de son sens : l’action.
Henri Poincaré, probablement un des matheux les plus
brillants de tous les temps, refusait de se noyer dans les démonstrations. Il
avait probablement compris le danger de l’exercice intellectuel gratuit, qui se
nourrit de lui-même. Ce danger est celui des livres qui prétendent nous dire la
« seule bonne manière » de faire. Livres de management, évidemment, mais
livres scientifiques, d’une manière générale. Les livres sont l'opium de l'intellectuel.
Le bon livre est celui qui vous donne un éclairage que vous
n’aviez pas, et qui vous pousse à l’exploration. Il doit vous apporter ce que
mon premier livre appelait des « méthodologies ambulatoires ». Elles
doivent vous aider à penser sur vos pieds.
Le livre n’est pas inutile. Mais il faut le dominer, ne pas
se perdre dans les subtilités de ses démonstrations. Il faut en tirer des
outils. Et surtout des questions, ouvertes.