"… 1552 adj 27 luio fo comenza’ a comper el muro del Gran Conseglio sopra la corte de Palazo per far do perzoli per aver fresco et del 1554 fo finidi come isto"
Au détours de quelques recherches historiques dans les méandres de la Bibliothèque Nationale Marciana, nous tombons parfois sur quelques énigmes, comme cette indication de Stefano Magno, dans ses Cronaca di Venezia (vol 1, BNV MVII513).
Le 27 juillet 1552, on commença donc à casser le mur de la salle du Grand Conseil au dessus de la cour du palais, pour y construire deux sortes de niches destinées à accueillir des fresques. Il semble donc qu’en 1554 tout ait été fini. Voilà, en une seul phrase trouvée dans un grand et vieux livre poussiéreux, une enquête peut commencer…
Giovanni Battista Ponchino (Castelfranco Veneto, c . 1500 – 1570), était à Venise en 1553, et il a été chargé de peindre les décorations dans le Palais des Doges. Vasari a déclaré qu’il a obtenu cette importante commande en raison de son lien avec l’influente famille Grimani, mais ensuite, invités par Ponchino, Véronèse et Zelotti se sont impliqués dans le projet.
Paolo Caliari, dit Véronèse, né en 1528 à Vérone et mort le 19 avril 1588 à Venise, est devenu le "peintre de la République". Il réalise notamment, suite à l’invitation de Ponchino et avec Zelotti, les fresques de la salle du conseil des Dix au palais des Doges. Véronèse exécuta notamment un médaillon qui décorait, en son centre, le plafond de la Salle des audiences : Jupiter foudroyant les Vices.
A cette période, Giovanni Battista Zelotti ou Battista Farinati (Vérone, 1526 – 1578) travaille sur les plafonds de la salle du conseil des Dix au palais des Doges (1553-1554), à la bibliothèque Marciana (1556-1557), et au palais Trevisan (1557) à Murano.
Mais, en Décembre 1577, un incendie a éclaté dans la salle voisine du Scrutinio a détruit toutes les décorations et gravement endommagé la structure de la pièce. On a donc décidé d’un nouveau décor qui a été confié à des artistes tels que Véronèse, Jacopo et Domenico Tintoretto, Palma il Giovane, selon un programme qui comprenait, sur les murs, des épisodes de l’histoire de Venise avec une référence particulière aux relations avec la papauté et l’empire, sur le plafond des actes de citoyens courageux et les Vertus, tandis que l’espace central a été réservé à la glorification de la République.
La salle que les touristes visitent aujourd’hui ne possède donc plus aucun souvenirs de ces fresques de 1554, dont nous n’avons réussi, à ce jour, à trouver aucun croquis et dessin préparatoire.