J'avoue mon titre est racoleur mais absolument pas mensonger donc parlons peu, parlons bien et surtout soyons efficaces!
J'ai déjà fait un article sur cet auteur et sa nouvelle Le maître a de plus en plus d'humour.
J'ai lu Le Veau de Mo Yan qui est à la jonction entre la nouvelle et le conte. C'est l'histoire d'un adolescent -Luo Han- roublard, bavard, qui aime attirer l'attention et se faire remarquer. Un ado lambda, quoi! A un moment donné, il aide Maître Du à s'occuper de ses veaux et il va assister à la castration des bestiaux par le vétérinaire Dong.
C'est très farcesque, un peu comme Jarry ou Feydeau. Le Camarde Dong fait du zèle en montrant l'ablation des testicules comme un art, comme un spectacle. Ce dernier déteste qu'on le rabroue et l'oncle de Luo Han, le grêlé, le pousse dans ses retranchements en le défiant... Il dit clairement à Dong qu'il n'est pas capable de castrer le veau (surnommé par Luo-Han) Double Echine. Piqué au vif dans son amour-propre, le Camarade casse-couilles (le jeu de mots était trop tentant...)essuie de nombreux échecs avant d'y arriver. Cependant, comme le veau est un "nique-tout-ce-qui-bouge", Dong prévient le grêlé qu'il risque de mourir lors de cette castration. Le Grêlé se moque alors de Dong, sous-entendant que c'est un incapable. Le camarade Dong, pour sauver son honneur va mettre en place un supplice phénoménal pour mener à bien sa mission de
Tout le conte va se centrer sur l'aventure qui va lier pour le meilleur et pour le pire (et surtout pour le pire) Maître Du et Luo Han défendant une même cause: la survie de l'animal. Leur pérégrination va être semée d'embûches et d'épisodes farfelus et assez dégoûtants... Le pus qui éclate à la face, le sang qui gicle, les mouches qui laissent leurs larves partout sur l'animal...
Bon appétit, bien sûr!Derrière ce récit fabuleux et très ubuesque, il y a une véritable satire de la société chinoise de l'époque. On note une dénonciation de l'appauvrissement de certaines classes au profit d'autres ainsi qu'une véritable caricature virulente de la politique de Mao.La castration du veau est tout à fait symbolique et métaphorique de l'émasculation humaine. Quoi qu'il en soit, on peut dire que Mo Yan en a... pour publier un texte comme ça!C'est drôle au premier degré et très politisé au second.
Le style est très acéré, très cru. C'est authentique. Les descriptions sont à tomber par-terre: c'est immonde et hilarant.Je ne regarderai plus jamais un veau de la même façon... Heureusement que je déteste cette viande sinon je l'aurais boycottée... Si vous êtes fans de veau, abstenez-vous peut-être.
Un article est en prévision pour le challenge de Métaphore: Le coureur de fond de ce même auteur. Après, c'est promis, j'arrête de vous les briser... menues, menues!