Raury│indie go child

Fin 2013, personne n’aurait pu dire qu’un an plus tard, Raury serait considéré comme ayant marqué l’année 2014. Il est maintenant devenu impossible de penser le contraire. Même pas 4000 fans sur Facebook, moins de 6000 followers sur Twitter et autant d’auditeurs sur SoundCloud, mais ces chiffres augmentent perpétuellement, et on sent bien que c’est loin d’être fini. Avant qu’il ne sorte son premier EP, posons-nous la question : qui est Raury ?

« 1 year younger than Google », dit-il dans sa bio. Google ayant été créé en 1998, il aurait 15 ans. En réalité, il vient de fêter ses 18 ans et vient de l’Est d’Atlanta. Auteur, compositeur, interprète, producteur, guitariste, rappeur : beaucoup de casquettes pour une si petite tête mais surtout beaucoup de talent chez ce lycéen qui brouille les étiquettes. Entre le folk et le hip-hop, entre l’indie rock et le r’n’b, entre la soul et la pop, les quelques morceaux disponibles en ligne donnent à voir un personnage fascinant voué à un avenir brillant.

C’est en mars, avec le clip de God’s Whisper que Raury se fait remarquer : on pense à Larry Clark en voyant ces kids déambuler dans les rues dans un clip aux plans iconiques, et la chanson marque les esprits. Supprimé de YouTube « pour être trop réel » selon certains, on le trouve encore sur Vimeo.

Avant ce tube en devenir, on ne pouvait trouver que Bloom sur son Soundcloud, légendée ainsi : « L’incertitude est l’essence même de la romance ». Paroles simplissimes mais habitées, on sent déjà la maturité de l’artiste qui, à l’époque, n’avait pas encore trouvé le concept qui va le propulser dans les sphères hype.

Et ce concept, c’est l’anti-tour. Là encore, c’est simplissime, mais très efficace. Plutôt que de tourner dans tout le pays pour assurer sa promotion, ou au contraire de se refuser à monter sur scène (comme l’a fait The Weeknd a ses débuts), il profite des dates d’autres artistes dans sa propre ville et s’y invite. Il a ainsi donné des concerts au public de Tyler The Creator et de Childish Gambino qui sortaient de la salle, espérant s’attirer de nouveaux fans.

« À chaque fois que je fais ça, je le fais pour un artiste dont je suis un putain de fan, dont j’adore la musique, parce que j’ai confiance en leur fans, ils ont des goûts éclectiques et ils peuvent comprendre mon truc aussi », dit-il dans la vidéo de son anti-tour sur le pont qui surplombe la Masquerade où jouait Childish Gambino, composée uniquement avec des images tournées par des fans. Il explique aussi à quel point il est important pour lui de se construire une fanbase dans sa ville d’Atlanta, bien plus que dans le reste du monde, dans le passage le plus touchant de la vidéo.

I’m going to say it, I’m going to be one of the greatest lyricists out here. I am one of the greatest lyricists out here, fuck it. — Raury, dont l’ambition chatouille déjà l’ego de Kanye West

Auto-proclamé Indigo Child (un concept New Age qui désigne des enfants nés à partir des nineties possédant des aptitudes psycho-spirituo-paranormales particulières destinés à instaurer une ère nouvelle), ce qui sera le nom de son premier EP (composé de dix morceaux, tout de même), il a grandi en écoutant de tout grâce à la magie d’internet (c’est lui qui le dit), et travaille sur ses morceaux depuis quasiment trois ans – il est non seulement précoce mais est aussi un perfectionniste bien inspiré – ses influences et ses idoles vont de Kid Cudi à Andre 3000 en passant par le crew Odd Future et Michael Jackson mais aussi Tupac et Gucci Mane. Et si on vous dit qu’il écoute aussi Coldplay, Adele, Phil Collins, Bloc Party, Bon Iver et Sade, vous comprendrez pourquoi sa musique semble aussi variée :

Cette dernière semaine, tout semble s’être accéléré pour le King Raury : après avoir dévoilé Cigarette Song, on a appris sa collaboration avec SBTRKT sur Higher, extrait de l’album Wonder Where We Land prévu pour septembre, ainsi que la présence de God’s Whisper dans la BO de Lucy, le nouveau film de Luc Besson.

Sur son site weraur.com, on peut lire

THIS IS NOT A CULT
WE ARE THE YOUTH
WE ARE THE TRUTH
WE ARE FOREVER

C’est tout le bien qu’on lui souhaite.