En fait, cet adjectif est totalement insuffisant.
Non seulement l'homme porte la moustache avec une fierté totalement légitime, manie un humour à nul autre pareil, porte la soie comme vous le maillot de l'équipe de France, sait vous écouter et vous rendre intelligent - chose pas toujours évidente - , mais il connaît son monde bordelais comme personne, qui est qui, quel est son réel pouvoir, son réseau d'influence, ses petites manies, ses insuffisances. Une symbiose assez singulière entre ce que pourraient vous enseigner les dossiers de la NSA et du KGB.
Si ses nobles parents avaient poussé son appartenance chrétienne, incontestablement il eût fini à la curie où il aurait joué un rôle majeur, à la Talleyrand sans en avoir le défaut d'avoir été trop souvent sous les projecteurs de l'intérêt immédiat… quand bien même la France restait l'objectif n° 1.
Ses amis savent qu'il n'est arrivé à Bordeaux que pour la simple et bonne raison qu'on ne savait pas trop quoi faire de lui en terres teutones. Ou comment transformer un handicap en quasi prix nobel.
La surprise de sa réussite en a ébloui plus d'un : sauf lui.
On l'a compris : parmi les gens que j'admire à Bordeaux, il tient une place spéciale et chaque entrevue avec Monsieur le Comte m'apporte un lot de nouvelles, un polissage de ma petite intelligence du monde bordelais souvent trop dispersée dans des angles aigus inutiles et superfétatoires.
Qu'on se souvienne que cet aristocrate a très vite compris à quel point un roturier - ami lui aussi - comme Stéphane Derenoncourt pouvait transformer son petit chemin vicinal en autoroute sans péage. Les deux ont réussi ensemble à monter Canon La Gaffelière vers de beaux sommets et surtout montrer urbi et orbi que, sans aucun classement, La Mondotte (chambres ***) a pris, dès sa création, une place de choix dans le Panthéon des grands vins bordelais, rive droite et gauche confondues.
Mais pourquoi diantre ce jour j'évoque l'intelligence du Comte ? Simplement, ce midi, je viens d'apprécier "alla grande, allegro molto vivace" un cru de négoce dont il est le concepteur. En voici l'étiquette :
Moins de € 8 : si !
Bon : vous me direz que Dourthe N° 1 ou d'autres crus du négoce sont aussi de belles choses et à prix similaire. Et bien non : ce vin a un petit quelque chose en sus, une harmonie et surtout une douceur en bouche sans aucune mièvrerie. Un vin parfaitement construit, capable d'honorer une table dominicale ou une remise de légion d'honneur.
Les esprits perspicaces que vous êtes auront aussi remarqué à quel point les armes de la Famille donnent de facto une noblesse au vin : ou de l'importance de l'étiquette, chose trop souvent négligée ailleurs.
Quand on dit qu'à Bordeaux, il y a encore de très beaux RQP à découvrir, vous avez là un exemple de choix.
Merci Comte ! Un excellent travail !
Avec Neil Beckett, lors d'une session du GJE à Stuttgart (opera ***)