Les brocantes
Sont marrantes.
La veille du jour J,
Baltha
Déniche au logis
De sa grand-mama
Objets poussiéreux,
Bibelots d’aïeux
Sans valeur sentimentale,
Bricoles inutiles
Et un thermomètre rectal.
Il les passe à la flotte
Puis dans une caisse les empile.
S’il faut les décaper,
Il les frotte.
Bref, il soigne l’aspect.
Dimanche, levé à 6 heures
De très bonne humeur,
Il charge la Clio et détale.
Arrivé Place du Marché,
Il déballe.
Le coffre à peine relevé,
Un antiquaire, un pro,
Trie sans se gêner
Les objets
Les plus beaux.
Et les questions commencent :
-Combien ce vase à deux anses ?
-Quel prix la pendulette ? -Cinquante.
-C’est trop. –Bon, quarante
-Non, et cette chinoiserie ? -Cent vingt
-Et ce carafon de vin ?
Le marchand prend
Les trois pour deux cent.
Dix minutes après,
Il a installé
Son comptoir
Sur le trottoir.
S’avance un grand barbu :
-Combien le pot à lait ?
Approche un petit moustachu :
-Fais voir
Ta bouilloire.
Passent les passants.
Pour attirer le chaland,
Baltha fait le gugusse
Avec canne et canotier.
Un coquillage-bénitier
Suscite l’intérêt d’un olibrius.
Dans l’après-midi,
Il vend aussi
Une timbale bosselée
Deux ou trois vieux livres reliés
Un 45 tours de rock and roll.
C’est pas le pactole !
Il est bientôt sept heures.
A c’te heure,
Personne ne viendra plus.
Si, un vilain fusain
A encore plu.
Il remballe,
Salue les voisins,
Compte ses euros…
Aubaine !
Pas mal !
Il va s’ payer l’ bistro !
L’année prochaine,
Baltha
R’viendra.
C’est trop marrant
De jouer les marchands !