Palais Longchamp, 25 Juillet 2014.
Encore une soirée qui affiche complet et à voir l’interminable file d’attente une heure avant, un des concerts les plus attendus de cette édition.
Carte blanche est donnée à Ibrahim Maalouf dont c’est déjà le troisième passage dans ce festival, une date particulière dans sa tournée "Illusions" à succès.
Il y a en effet pas mal d’invités, en plus de ses musiciens qui figurent sur son dernier album à savoir François Delporte à la guitare éléctrique, Laurent David à la basse, Franck Woeste au piano, Stéphane Galland à la batterie, Youenn Le Cam, Yann Martin et Martin Saccardy à la trompette.
Dès les premières minutes du morceau inaugural, le public est enthousiaste et emporté par ce jazz hybride aux sonorités tantôt orientales, funk, rock, un son massif, sophistiqué en même temps relativement accessible pour qui comme moi n’est pas familier de ses disques.
Après deux titres dont un fini en sifflotant, le Libanais prend la parole et s’excuse d’avance de sa première intervention à rallonge que lui reproche nombre d’aficionados jusqu’à sa mère.
Vient ensuite "un des meilleurs solistes de France", Michel Portal et sa clarinette pour un duo très apprécié.
Puis c’est au tour de la chanteuse Asa pour deux morceaux, un à elle, "The Way I Feel", et puis une reprise d’un titre de Georges Harrisson, "Isn’t it a pity".
Sans dévaloriser sa prestation somme toute honnête, la version de la Nigériane ne soutient pas vraiment la comparaison avec celle de Nina Simone dont Ibrahim dit s’être inspiré.
Pour ce titre il y aura un autre invité qui reviendra plus tard dans la soirée, le pianiste virtuose Eric Legnini.
Quelques morceaux épiques et aux sonorités éclectiques suivent, l’ambiance repart de plus belle avant le prochain guest qui va diviser.
Thomas Dutronc ("et pourquoi pas Yvan Le Bolloch tant qu’on y est" se moque t’on d’avance) s’installe avec son groupe et vu que la soirée s’est bien passé jusque là on est prêt à faire fi des a priori négatifs sur sa musique.
Mais dès sa scie "J’aime plus Paris" le mal est fait, que les morceaux suivants soient inédit ou pas, la joie des amateurs de son jazz manouche au fort relent de variété (varietouche ?) va contraster avec l’agacement crescendo des autres devant ce concert dans le concert un peu hors sujet.
La frustration n’en sera qu’encore plus grande quand on s’apercevra que l’invité suivant, l’excellent violoncelliste Vincent Segal, si apprécié chez Bumcello ou Blackalicious, ne sera là que pour une collaboration, fut elle de très haute volée.
La fin du concert est elle largement à la hauteur du début, avec un groupe toujours plus impressionnant dans les passages en force tout comme ceux plus intimistes.
L’ovation est telle qu’il y aura un rappel de deux ultimes pièces où l’émotion l’emporte sur la technique.
Maalouf insiste sur le coté unique de ce concert qui aura ravi néophytes et initiés, qui seront on n’en doute pas une seconde toujours plus nombreux à sa prochain passage à Marseille.