Photo ©Jews&ArabsRefuseToBeEnemies
Alors que le sang coule au Proche-Orient et que les haines s’aiguisent, les voix qui plaident la paix n’arrivent plus à surmonter celles de l’intolérance. En France, le conflit Israelo-Palestinien est devenu prétexte pour mieux servir les extrémistes de tout bord. Attention danger.
Disparus le 12 juin dernier en Cisjordanie occupée, les trois jeunes Israéliens Eyal Yifrah, Gil-Ad Shaer et Naftali Fraenkel, avaient été retrouvés assassinés dix-huit jours plus tard. Le vice-ministre israélien de la Défense, Danny Danon, accusait directement le Hamas de les avoir assassinés et promettait "d'éradiquer" légitimement le mouvement islamiste. De son côté, le Hamas désavouait cet assassinat… mais le cautionnait. Depuis les deux pays sont pris dans un nouvel engrenage infernal, avec l'intensification de raids aériens meurtriers sur Gaza et de tirs de roquettes qui ont atteint de grandes villes israéliennes.
Un conflit qui dateLes deux grandes guerres du XXèmesiècle ont clairement défini le sort du peuple juif en Palestine. Dés 1917, le territoire palestinien, sous tutorat ottoman, avait acquis sa liberté par l'Empire britannique. A cette époque, les sionistes, qui menaient "campagne" auprès du gouvernement anglais, avaient fondé leurs espoirs dans la Déclaration de Balfour; Déclaration qui devait accorder le droit à l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif. Mais le même empire britannique avait également promis aux peuples arabes un grand royaume incluant la Palestine. La présente Déclaration, qui attisait un début de haine de la part des Arabes, venaient de poser les conditions idéales d’un conflit à long terme. En rapport aux intérêts individuels -surtout pétroliers- des pays alliés (France, Royaume-Uni, Italie...), chacune des parties avaient discerné, trop tardivement, le pourquoi du non-respect de cette entente promise. Au regard de la communauté juive américaine devenue riche et influente, des évidences sur l'échiquier politique mondial se dessinaient clairement pour le monde arabe.
Après la Seconde Guerre mondiale, période associée au génocide Juif, différer davantage la création d'un état israélien aurait été un affront inacceptable. Le Royaume-Uni a donc cédé ses droits sur la Palestine aux Nations Unies qui, par la résolution 181, décidait de scinder le territoire en deux : un état arabe et un état juif. Les Arabes ayant rejeté la résolution, le 30 novembre 1947, une première guerre civile éclatait entre les deux communautés. Une guerre remportée par le peuple juif qui ponctionnera davantage le territoire palestinien à l'issue de sa victoire. Depuis, entre immigration massive des Juifs du monde entier vers Israël, terrorisme arabe, efforts des hommes de paix pour parvenir à une solution durable, la Palestine n'est plus qu'une vaste arène sanglante dans laquelle le Hamas tire profit.
En France, le spectre d’un "durcissement" se profileAprès les violents incidents de samedi en marge de la manifestation pro-palestinienne interdite dans le quartier de Barbès à Paris, et plus encore après les pillages de dimanche soir à Sarcelles, la classe politique française reste sous le choc. À droite comme à gauche les condamnations affluent, dans une même inquiétude : celle de l’importation d’un conflit qui pourrait menacer les fondements de la République. Le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives) et le gouvernement français pointent, presque exclusivement, la renaissance d’un antisémitisme déguisé d’antisionisme.De fait, à Sarcelles, surnommée la "petite Jérusalem", des commerces juifs ont été la principale cible des émeutiers. Le plus inquiétant reste la Synagogue dont l’accès était entièrement bouclé devant l’affluence massive des manifestants. "J’ai eu peur", confie G. un habitant de Sarcelles, spectateur désarmé devant les assauts des manifestants. Il n'en revient toujours pas de ce déchaînement de violence et s'inquiète pour les semaines à venir : "C’est la première fois que l’on voit ça à Sarcelles. Nous sommes contre toute forme de haine, nous voulons la paix !" Dans cette ambiance survoltée, ce ne sont pas des cris ou des menaces que les français juifs regroupés devant le lieu de culte émettront, mais seulement... le chant de la Marseillaise.
A l’heure où la préfecture de police de Paris interdit, une nouvelle fois, la manifestation pro-palestinienne prévue cet après-midi dans la capitale, la tendance de long terme n’est pas à l’apaisement. Bien sûr, il existe une différence de nature entre les violences constatées jusqu’à présent et des actes plus meurtriers liés au terrorisme. Le spectre d’une guerre civile, que certains extrémistes agitent en ce moment, semble-t’il relever de la réalité ? L’avenir nous le dira.FG