Synopsis: Après un combat sans merci pour s’extirper d’un immeuble rempli de criminels et de fous furieux, laissant derrière lui des monceaux de cadavres de policiers et de dangereux truands, Rama, jeune flic de Jakarta, pensait retrouver une vie normale, avec sa femme et son tout jeune fils…. Mais il se trompait. On lui impose en effet une nouvelle mission : Rama devra infiltrer le syndicat du crime, où coexistent dans une sorte de statu quo mafia indonésienne et yakusas. Sous l’identité de « Yuda », un tueur sans pitié, il se laisse jeter en prison afin d’y gagner la confiance d’Uco, le fils d’un magnat du crime indonésien – son ticket d’entrée pour intégrer l’organisation. Sur fond de guerre des gangs, il risquera sa vie dans un dangereux jeu de rôle destiné à porter un coup fatal à l’empire du crime.
L’avis de NicoH
Après avoir laissé sur le cul pas mal de spectateurs fans d’action avec The Raid, Gareth Evans partait avec un sérieux couperet au-dessus de la tête. Non seulement à cause de la malédiction du « film d’après », mais également à cause du choix de ce film : une suite à son précédent succès ! Et alors que les bandes-annonces laissaient espérer un spectacle encore plus poussé que le premier volet, disons-le tout net : The Raid 2 comble tous nos espoirs !
Reprenant peu après les événements du premier volet, The Raid 2 commence avec une surprise, celle de faire le ménage parmi les survivants. En effet, excepté Rama (le héros du 1er volet) et un autre personnage qu’on vous laisse découvrir, The Raid 2 fait la part belle à un tout nouveau panel de personnages, bien plus qu’on aurait pu en attendre dans un film d’action (et bien plus emblématiques que dans le premier volet, avec une mention à la « fille aux marteaux »). On ne s’en plaindra pas tant cette multiplicité des personnages va de pair avec la volonté du réalisateur de donner à son film une véritable intrigue. Malheureusement, Evans n’y parvient qu’à moitié, l’histoire étant intéressante à suivre, mais le spectateur ayant tendance à se perdre entre les nombreux personnages et les sous-intrigues qu’ils amènent. Fort heureusement, on ne va pas voir The Raid 2 pour son scénario !
En effet, côté baston, Evans et son acteur principal/chorégraphe Iko Uwais ont réussi à pousser encore plus loin le spectacle du premier film. Il faut dire qu’en s’affranchissant de l’unité de lieu (un immeuble) pour se dérouler dans toute une ville, The Raid 2 ne fait pas dans la demi-mesure. Prison, cuisines, restaurant, boite de nuit, rue, métro… Les décors s’enchaînent aussi vite que les acteurs enchaînent les pains.. Et dans la mesure où chaque décor offre une chorégraphie de combat différente et une mise en scène absolument géniale, autant dire qu’on tombe rarement dans la redite. Mieux, on a plus que jamais l’impression que le tout est réalisé sans trucages, têtes brisées incluses ! Pour ne rien gâcher, Evans se permet même une pause dans les combats en s’offrant sa première séquence de poursuite en voiture. Et là aussi, c’est un coup de maître, un vrai grand huit dont on ressort la respiration haletante.
Alors The Raid 2, chef d’œuvre du film d’action ? Malheureusement non tant le scénario, malgré une bonne volonté évidente, manque d’un véritable souffle façon Die Hard 3/Une Journée en Enfer. Si bien que sur les 2h30 que dure le film, on se surprend à se demander si le tout ne serait pas meilleur avec 30/45min de moins. Paradoxalement, s’il était moins long, The Raid 2 ne serait pas aussi marquant. Car à l’image d’un grand huit, la force de The Raid 2 tient dans son rythme qui, en jonglant avec brio entre montées et folles descentes, permet au film de littéralement nous décrocher la rétine et la mâchoire ! Au final, c’est là le plus important.
Avis de Manuel Yvernault :
Afin d’installer un décor crédible, il convient d’admettre que le premier chapitre de The Raid, et ce malgré tout notre bonne volonté, ne nous avait pas laissé sur le carreau comme on nous en avait fait la promesse.
La faute probable à un buzz surdimensionné en amont et un réel manque de scénario (qu’on nous avait pourtant vendu, nous sommes à des kilomètres d’un Die Hard indémodable par exemple). Ajoutons à cela une réalisation maîtrisée, dynamique, parfois ébouriffante ainsi que des cascades venues d’un autre monde, cela ne suffisait pas à faire de The Raid, LE film d’action de l’année, encore moins de la décennie.
Petite mise au point avant de porter un regard sur la deuxième chapitre.
Cette fois l’attente était moins présente et on gardait bien sûr à l’esprit que ce n’était pas du McTiernan auquel il fallait s’attendre.
Et comme parfois l’appréciation d’un film ne tient pas à grand chose, on peut dés lors avouer que ce deuxième opus est d’une gourmandise sans nom. Une pure folie visuelle. Est-ce le fait d’éclater le récit sur 2h30 dans plusieurs lieux et d’un semblant de scénario qui a procuré cet effet ? Difficile à dire. Toujours est-il qu’après le générique de fin le mot furie résonne dans nos têtes.
Dans la passion cinématographique, les films qui trouvent leur unique force dans l’action, donc dans le style et/ou l’esthétique, peuvent finir par laisser de marbre, au pire, voire procurer un plaisir coupable mais furtif dans le meilleur des cas. Dernièrement il était devenu évident qu’aucun réalisateur n’arrivait à renouveler le genre, bien que Gareth Evans est donné une nouvelle direction avec le premier The Raid, digne successeur d’un cinéma hong-kongais. Et de donner un tempo, le réalisateur est passé à la gamme supérieure avec ce détournement visuel unique en son genre. On oscille tout simplement entre plaisir des yeux et questionnement permanent de « comment ont-ils pu faire ça ? », des mouvements de caméra improbables à originaux, hypnotiques, aux cascades hallucinantes qui donnent l’impression que chacun à du manger le béton et des coudes une bonne vingtaine de fois.
On se dit alors que ce plaisir coupable délivre devant nos yeux une certaine forme d’art visuel, ancré dans le film d’action, qu’il sera bien difficile de dépasser (on ne parle de Transformers and co. mais bien de films où la lutte est avant tout corporelle).
Evidemment presque rien n’est crédible, nombreux personnages perdent conscience sur un simple coup alors que d’autres encaissent plusieurs frappes qui auraient terrassées n’importe qui. Mais là n’est plus le propos tant le réalisateur réussit à donner un rythme trépident à son film. On a rarement vu au cinéma une poursuite en voiture filmée de la sorte (moins beau qu’un French Connection ou La nuit nous appartient certes, mais dans la version « bourrin », c’est catégorie XXL) ou bien un combat final aussi enlevé.
The Raid 2 fait l’effet d’une boisson énergisante en mode taurine/caféine, avec ses grandes montées et ses descentes (le film est tout de même trop long d’une bonne grosse demi-heure, et trop légèrement scénarisé) qui rendent presque fade le premier chapitre.
On insistera encore une fois sur le fait que le film de genre est pour un public précis, qui risque d’être à nouveau séduit. Evidemment, pour les réfractaires qui de toutes façons ne mettront pas un pied dans la salle, le film sera vide d’intérêt. Argument tout de suite à effacer puisque le but de The Raid 2 n’est pas ici mais de purement divertir. Et à ce titre, Gareth Evans vient de mettre la barre encore plus haute qu’il y a 3 ans et rien que ça, cela semblait infranchissable. Dans le style, c’est au minimum surprenant, car même si répétitif, l’orgasme visuel n’est pas loin, sinon extrême pour les fans.