Shapito show, de Sergey Loban

Par La Nuit Du Blogueur @NuitduBlogueur

Note : 4/5

Avez-vous remarqué l’étrange objet cinématographique que l’on peut croiser dans quelques salles pointilleuses de la capitale ? Il faut dire que le réalisateur Sergey Loban n’a pas choisi la voie de la facilité pour son premier film : un film de quatre heures (ici divisé en deux parties) a déjà du mal à se faire programmer, mais lorsqu’il s’agit d’une comédie musicale russe… bonjour le boulot !

Pourtant, il faut le voir !

© Damned Distribution

Shapito Show aborde quatre chapitres (« Amour », « Amitié », « Respect », et « Association ») avec différents personnages mais en conservant comme théâtre commun une station balnéaire très touristique de la Crimée et ses environs. Ainsi les personnages des diverses histoires s’y croisent, interviennent d’un chapitre à l’autre, ou les traversent comme de simples figurants. On se laisse ainsi rapidement prendre au jeu d’assembler toutes les pièces du puzzle. On aime voir un personnage secondaire devenir le héros d’un récit et profiter d’un développement sur son caractère, son histoire personnelle et la raison de sa présence au bord de la mer Noire. On revoit alors de nombreuses scènes sous de nouveaux points de vue qui ajoutent d’autres dimensions aux croisements des récits.

© Damned Distribution

Nous suivons ainsi l’histoire d’amour de Vera et Cyberwanderer qui se sont rencontrés sur internet ; la success story puis la chute de Lyosha, un jeune sourd suivi par une équipe de journalistes ; les vacances cauchemardesques d’un apprenti réalisateur avec son père comédien reconnu ; la galère de Sergey, jeune producteur, qui débute une tournée avec le sosie de Victor Tsoï, star du rock russe décédé ; etc. Le film a autant d’histoires qu’il a de personnages et il devient rapidement un labyrinthe loufoque où le spectateur parvient à tout comprendre comme par magie.

Pour ajouter encore à l’humour absurde du long métrage, les chapitres sont entrecoupés de scènes musicales où les personnages de l’histoire en cours chantent sur la scène du Shapito Show (chapiteau mystérieux où se joue un spectacle de sosies farfelu). Ces scènes ont des airs de karaoké accompagné de chorégraphies kitchissimes aussi étonnantes que burlesques.

Sergey Loban n’a définitivement pas froid aux yeux et semble laisser libre cours à son imagination euphorique.

© Damned Distribution

Les deux parties peuvent être vues dans le désordre ; j’ai personnellement préféré la seconde partie plus détachée de la station balnéaire, mais la satisfaction de relier les personnages à leur récit doit se ressentir dans un ordre comme dans un autre.

Une manière très ludique et colorée de découvrir une nouvelle image de la Russie et du cinéma pour les cinéphiles bloqués en ville cet été.

Marianne Knecht

Film en salles depuis le 16 juillet 2014.