Photo ©Nice Matin I Florent Carré
Les tongs ont quitté leur milieu d'origine pour devenir des chaussures à part entière. Un phénomène qui ne semble pas au goût de tout les français.
L’été est pour beaucoup de français l'occasion de "lever le pied". C’est aussi, pour certains, le moment de les dénuder, de les exhiber. A défaut de croiser des parisiens marchant pieds nus aux abords du canal Saint-Martin, il n'est pas rare d'apercevoir des promeneurs aux orteils découverts, chaussés de spartiates et/ou plus souvent de tongs. Si la banalisation du port de la sandale -mise au point dès 5500 av. Jésus-Christ par les Égyptiens- correspond à l'envie de rester les pieds au frais, elle marque un glissement dans le vestiaire contemporain, "révélant un abaissement général du niveau d'exigence de chacun". S’il semble désormais acceptable de porter dans Paris des vêtements limités à la plage ou, tout au moins, à un contexte de villégiature, de la même façon les tongs ont quitté leur milieu d'origine pour devenir des chaussures à part entière.
Surnommées "flip-flop" par les américains, en raison du léger bruit qu'elles émettent à chaque pas, les tongs doivent leur changement de statut aux étudiants des universités outre-atlantiques. Revenant de leur traditionnel "Spring Break" à Cancun, les jeune pré-pubères 'ricains', armés de leurs sourires "ferroviaire" ravageurs, ont pris l'habitude d’enfiler sur le campus les tongs qu'ils portaient à la plage. Aujourd'hui cette américanisation cible petits et grands, concernés par l'adoption de l'American way of life. La culture américaine est devenue culture du monde. Ceci expliquant cela.
Malgré sa grande popularité -la marque Havaianasvendrait près de 162 millions de paires/an- la tong reste pour la plupart des français "une chaussure dégradante dévoilant une partie peu ragoûtante de l'anatomie". Mieux, elle est "un peignoir de pied" : "Voir des centaines d’inconnus se déplacer en peignoir sale, traînant sur le trottoir, à peine retenu par une ceinture lâche, n’est pas vraiment l’idée que l’on se fait des plaisirs estivaux". En milieu urbain, la probabilité de terminer une journée sans s'être retourné l'ongle de l'orteil, sans avoir chuté en courant derrière un bus ou sans contracter une mycose, reste mince. A moins que les seuls déplacements quotidiens des français ne consistent à traverser une plage de sable blanc, le "peignoir de pied" restent logiquement à la maison.FG