Donna Leon : Brunetti et le mauvais augure

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Brunetti et le mauvais augure  de Donna Leon    2,5/5 (18-06-2014)

Brunetti et le mauvais augure  (288 pages) est paru le 20 février 2013 aux Editions Calmann-Lévy (collection Suspense Crime) et depuis le 2 janvier 2014, aux Editions Points dans la collection Policier (331 pages).

  

L’histoire (éditeur) :

Venise baigne dans la torpeur d’un été caniculaire et Brunetti s’ennuie. Sa seule mission : la filature d’une vieille dame escroquée par un pseudo-voyant. La bourrasque d’un scandale de corruption sans précédent réveille le commissariat assoupi de chaleur. Meurtre d’un greffier, trafic d’influence, Brunetti ne sait plus où donner de la tête. Son horoscope lui prédisait un été calme pourtant.

Mon avis :

Premier Donna Leon que je lis, ce Brunetti est le 19ème de la série. Je me suis lancée forcément avec quelques inquiétudes car avec 18 titres qui le précèdent on est en droit de se demander s’il sera aisé de saisir tous les éléments du roman relatifs aux personnages. L’appréhension s’est vite envolée, car les livres semble-t-il, peuvent se lire indépendamment.

Brunetti et le mauvais augure plonge le lecteur à Venise en pleine canicule et question chaleur on est servi. L’auteure insiste (parfois lourdement) sur ce point et le lecteur est alors autant écrasé par la chaleur ambiante que ses personnages. L’atmosphère vénitienne (avec ses canaux) en plein été est parfaitement  rendue. On s’y croirait tant les descriptions de la ville sont bien faites.

Dans ce nouvel opus, le commissaire Brunetti  laisse partir sa famille en vacances alors qu’il se voit présenter deux nouvelles affaires. L’une personnelle qui concerne son collègue l’inspecteur Vianello, inquiet pour sa tante (obsédée par les horoscopes et l’astrologie) qu’il pense être la proie d’un charlatan. L’autre lui est confiée par un ami, responsable du service du personnel de la ville. Il est persuadé d’avoir décelé un cas de corruption au tribunal de Venise, auquel la juge Coltellini et le greffier Fontana seraient mêlés, retardant des affaires  judiciaires au profit de certains inculpés.

Il ne se passe pas grand-chose en ce mois d’août, accentuant la torpeur des hommes, mais les choses s’accélèrent brutalement quand le cadavre de Fontana est retrouvé (page 143 de la version poche, quand même !!!).

L’écriture de Donna Leon est agréable. Les pages se tourneraient toutes seules si seulement l’intrigue était un peu plus passionnante.

J’ai apprécié retrouver ici de sujets d’actualité que l’auteure dénonce ouvertement (intolérance, corruption et abus de faiblesse), tout autant que découvrir ce Brunetti qui m’a paru généreux, cultivé et perspicace, mais parfois aussi désabusé. J’ai toutefois trouvé l’histoire un peu fade, même si les pistes ne manquent pas. J’ai plus eu le sentiment d’avoir à faire à un énième épisode de série TV qu’à un bon polar. Ce qui n’est pas faux d’ailleurs, puisque le commissaire a été mis à l’écran dans une série TV allemande. Et oui, avec autant de tomes mettant en scène un même personnage (ça m’a rappelé les Agatha Christie en moins bon), je me suis forcément posé la question si une adaptation avait été réalisée. On regarde donc (oups, pardon on lit donc !) ce nouvel épisode avec moins d’enthousiasme sans doute que pour les premiers. Mais il faudrait sans doute demander l’avis aux fans. Pour ma part, j’y ai trouvé du bon et du moins bon : ça se lit bien, sans être véritablement captivant.

Le style de l’auteure, teintée d’humour et surtout dépaysant, m’a plu. Ses réflexions sur la société italienne aussi. Il y a beaucoup de vrai ici et l’intrigue trouve parfaitement sa place dans notre société actuelle, mais j’ai trouvé  que l’enquête manquait malheureusement de piquant et d’efficacité. Ce Brunetti m’a plus fait penser à un roman de plage qu’on oublie aussitôt les vacances finies, qu’à un bon polar digne de figurer sur le podium du prix du polar des éditions points. Et même si on fait mieux dans le genre, je ne suis pas déçue pour autant par l’auteure dont j'apprécierai renouveler l'expérience Brunetti  en découvrant plutôt l’une de ses premières publications.