La nausée

Publié le 23 juillet 2014 par Despasperdus

En guise d'introduction à ce billet coup de gueule, je rappelle quelques chiffres :

  • le SMIC, c'est 9,53 euros bruts l'heure, soit 1 445,38 euros brut par mois pour un temps complet;
  • le RSA varie entre 499,31 euros (personne seule sans enfant) à 1 048,55 euros par mois (couple avec deux enfants);
  • le minimum vieillesse s'élève à 787,26 euros pour une personne seule;
  • le seuil de pauvreté se situe à 803 euros.

Quand on fait un état général des causes de la régression sociale, de la désindustrialisation du pays et du déni démocratique, on pointe généralement du doigt l'Union européenne.

Avec raison.

Mais, l'UE est, me semble-t-il, une conséquence et non une cause des phénomènes mentionnés plus haut (après l'introduction).

Les responsabilités sont partagées d'abord par la classe politique dominante dans son ensemble, et en premier lieu par le PS et l'UMP, qui accepte la perte de souveraineté de la France, la destruction du modèle social et des services publics, et qui collabore avec la finance.

Comment se fait-il que des femmes et des hommes politiques participent à de tels phénomènes ? Pourquoi, par exemple, ne prennent-ils pas des mesures énergiques pour éviter que le travailleur en France soit concurrencé par le travail des enfants ou de travailleurs dont les conditions de vie et de travail relèvent plus de l'esclavage que du salariat ? Pourquoi la France n'interdit-elle pas à ses banques de contribuer à l'évasion fiscale, d'avoir des succursales dans les paradis fiscaux, et aux entreprises de pratiquer les prix de transfert ? Pourquoi la dernière loi bancaire est-elle une fumisterie, ne cloisonnant pas l'activité bancaire traditionnelle de l'activité qui relève de la finance spéculative ?

Il me semble que cette classe politique dominante est corrompue matériellement ou intellectuellement.

Les déboires financiers de l'UMP sont à ce titre instructif d'une dérive de cette classe dans le monde de l'argent facile. Ils révèlent ainsi que l'UMP est gérée par ses dirigeants comme la France a été gérée quand ils furent au pouvoir. Le sens des responsabilités et la conscience de servir l'intérêt général du pays ou du parti ont totalement disparu. Ces faits montrent l'état de déliquescence morale et intellectuelle de ces soi-disant responsables de droite.

On apprend ainsi qu'un des jeunes loups de la droite forte, la droite très décomplexée, très forte sur les valeurs traditionnelles de la droite avait une rémunération de nabab, comparée au revenu moyen des français. 8000 euros par mois pour l'apparatchik chargé de recycler l'idéologie frontiste et de dénoncer l'assistanat ! Faut-il en rire ou en pleurer ?

On apprend que certains conservent leur voiture de fonction même quand ils n'ont plus de fonctions, que Mme Copé s'est vue offrir ses billets d'avions soit 24.000 euros, que les factures téléphoniques d'un montant moyen de 10.000 euros annuels de Dati étaient payées par le parti, sans parler des frais de transport de la même ou des factures bidons de Bygmalion, ou encore, des dépassements de frais de campagne de Sarkozy et de l'abus de confiance qui lui pend au nez...

Mais du côté du PS, ce n'est pas rose non plus. Certaines déclarations de patrimoine des ministres ne paraissent guère sincères comme l'a relevé le Canard enchaîné au mois de juillet. Le sinistre Le Guen a bien fini par admettre qu'il s'était involontairement trompé de 700.000 euros ! Les cheminots qu'il a particulièrement maltraité apprécieront l'erreur de calcul du ministre qui n'est pas à 700.000 euros près ! Et les autres aussi... 700.000 euros soit plus de 40 ans de SMIC ! Une bagatelle, un détail pour ce type qui estime que les dépenses sociales sont trop coûteuses ! Et, je n'évoquerais pas Cahuzac, l'évadé fiscal chargé de serrer les vis du budget et de lutter contre la fraude fiscale...

Cependant, rien de neuf sous les ors de la République, me rétorquera-t-on, sauf que ce genre d'affaires et de déviances, de petits arrangements sont insupportables quand la précarité sévit, le chômage de masse augmente malgré les bidouillages des statistiques officielles, le coût de la santé devient tel qu'on y réfléchit à deux fois avant d'aller consulter...

SAUF QUE TOUT CE BEAU MONDE DONNE DES LEÇONS MORALES AUX CITOYEN-NE-S SUR LES INDISPENSABLES SACRIFICES ET SUR LES RÉFORMES DE RÉGRESSION SOCIALE.

Le peuple supporte des souffrances inutiles au motif qu'il faut réduire la dette publique, mais toute cette classe d'oligarques vit grassement... en épargnant le monde de la finance et en accordant des cadeaux aux entreprises du CAC40.

Toute cette oligarchie politicarde est tellement déconnectée des réalités sociale qu'elle affirme à la fois que le coût du travail est trop élevé, en particulier le SMIC et que les dépenses sociales sont insupportables, désignant à la vindicte médiatique celles et ceux qui sont le plus durement victimes de leurs politiques austéritaires sous le vocable insultant d'assistés ! Il lui faut bien imaginer des boucs émissaires pour diviser et pour masquer l'échec cuisant de leurs politiques.

Dans le même temps, cette oligarchie ne s'inquiète pas de la montée en puissance d'une force d'extrême droite qui lui permet encore, mais pour combien de temps encore, malgré les alternances, de poursuivre les mêmes politiques. Ce FN qui fait son miel de la misère, de la désespérance sociale et qui n'a plus qu'à surenchérir le discours politique dominant, sans remettre en cause les bases du système capitaliste et de la Cinquième République, dispose d'un boulevard pour prendre le pouvoir.

Alors dans ce paysage politique délétère où les uns et les autres s'accrochent à leurs postes et pratiquent le clientélisme, je salue la décision de Jean-Luc Mélenchon de se mettre en retrait de l'arène pour revenir au travail théorique et, si possible, pour dégager des propositions concrètes.