Critique Ciné : L’Homme qu’on Aimait Trop, passion trouble

Publié le 23 juillet 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

L’Homme qu’on Aimait Trop // De André Téchiné. Avec Guillaume Canet, Catherine Deneuve et Adèle Haenel.


Avant de voir L’Homme qu’on Aimait Trop, je ne savais pas du tout qu’il était adapté d’une histoire vraie. J’ai appris ça dès les premières secondes du film quand il nous informe d’emblée qu’il est inspiré de faits réels et que certains dialogues ont forcément été imaginés pour le film. Afin de réussir l’adaptation de ce fait divers qui reste encore aujourd’hui particulièrement mystérieux (même si Maurice Agnelet a été condamné grâce à/à cause de son fils). J’aime beaucoup la manière dont est racontée dans cette histoire. On va petit à petit nous aussi se retrouvé épris de Maurice, avoir envie de le voir encore et encore comme Agnès ou encore sa maîtresse. C’est à mon sens ce qu’il y a de plus terrible dans ce film, car on parvient à plus ou moins avoir de l’amour pour un personnage terrible qui a toujours été d’une mauvaise influence autour des femmes qu’il a côtoyé. Mais en parallèle, le film tente aussi de nous faire comprendre qu’il y a quelque chose qui ne colle pas vraiment chez ce personnage (le fait qu’il soit insistant par exemple). Mais cela fait partie du côté troublant que André Téchiné met en scène parfaitement grâce à un Guillaume Canet au sommet de son art, de sa perversité. On sent qu’il y a une volonté de l’acteur d’exécuter ici une performance complètement différente et j’adore cette idée.
1976. Après l’échec de son mariage, Agnès Le Roux rentre d’Afrique et retrouve sa mère, Renée, propriétaire du casino Le Palais de la Méditerranée à Nice. La jeune femme tombe amoureuse de l’homme de confiance de Renée, Maurice Agnelet, un avocat de dix ans son aîné. Maurice a d’autres liaisons. Agnès l’aime à la folie. Actionnaire du Palais de la Méditerranée, Agnès veut vendre sa part de l’héritage familial pour voler de ses propres ailes. Une partie truquée siphonne les caisses de la salle de jeux. On menace Renée. Derrière ces manœuvres guerrières plane l’ombre de la mafia et de Fratoni le patron du casino concurrent qui veut prendre le contrôle du Palais de la Méditerranée. Tombé en disgrâce auprès de Renée, Maurice met en relation Agnès avec Fratoni qui lui offre trois millions de francs pour qu’elle vote contre sa mère. Agnès accepte le marché. Renée perd le contrôle du casino. Agnès supporte mal sa propre trahison. Maurice s’éloigne.
Bien entendu, le scénario était parfois un peu lâche, notamment car il tente de tirer en longueur certains moments mais globalement, l’histoire se tient et passionne le spectateur dès son introduction. On ne sait pas trop au début ce qui va réellement causé un problème dans cette histoire relationnelle, comment l’un va pouvoir manipuler l’autre et comment l’autre va vivre sous la manipulation. L’une des révélations de L’Homme qu’on Aimait Trop c’est bien entendu Adèle Haenel déjà exceptionnelle dans Suzanne (un rôle pour lequel elle a reçu le César du meilleur second rôle féminin et qu’elle n’a pas volé). Elle m’avait déjà tapé dans l’oeil et je ne suis pas déçu de sa prestation ici. Elle est donc accompagné de Guillaume Canet (Les Petits Mouchoirs) qui est très troublants dans sa prestation. Ce n’est pas un rôle de gentil garçon pour une fois que l’on voit jouer le personnage, ce qui rend le tout encore plus intéressant que l’on ne pourrait le penser. Et enfin il y a Catherine Deneuve (Elle s’en va) qui a réussi à me bouleverser, notamment sur la fin du film. C’est une actrice qui peut tout faire et elle nous le prouve encore une fois avec le rôle de Renée Le Roux, cette femme qui va tout perdre du jour au lendemain.
André Téchiné ne se veut par ailleurs pas trop manichéen ce qui rend le film plus agréable et plus fluide. L’histoire n’est donc pas déroulée comme un rouleau d’essuie-tout. C’était assez différent de ce que j’attendais d’ailleurs. Je m’attendais à ce que L’Homme qu’on Aimait Trop ne soit pas du tout un film de ce genre là, qu’il soit peut-être un peu plus romancé alors que finalement la romance est presque secondaire. Le plus intéressant c’est l’aspect dramatique et thriller-esque de cette histoire alors que l’on tente de comprendre ce qu’il s’est passé dans la tête de ces personnages. Des personnages qui ont réellement vécus qui plus est. Après avoir lu le résumé de l’histoire sur Internet, le film est assez fidèle dans le sens où le récit des faits est plutôt bien développé. Afin de ne pas trop créer de faussetés troublantes, le film cherche donc à nous plonger dans un univers où ce que l’on ne sait pas est caché. Notamment autour d’Agnès. La vraie histoire ne dit pas ce qui lui est réellement arrivé (et surtout où est son corps), comme elle a été enlevée, etc. Le film ne cherche pas à prendre de libertés de ce point de vue ce qui rend L’Homme qu’on Aimait Trop fidèle aux écrits de Renée Le Roux.
Note : 8/10. En bref, un récit prenant.