Quand Balthazar devait se rendre
À ses premiers cours d’informatique,
Il prenait un retard systématique.
Allez comprendre !
Ses parents, pourtant,
Le réveillaient assez tôt
Et, en l’embrassant,
Lui répétaient :
-« Allons, debout ! Fini, l’ dodo ! »
Mais lui flemmardait, rêvassait.
Encore tout ébouriffé,
Il buvait lentement son café,
Jouait avec une mandarine,
Étalait sans se presser
La confiture sur ses tartines.
Puis bien rassasié,
Cartable fermé,
Ceinture serrée,
Béret vissé sur la tête,
Il ajustait l’oreillette
De son walkman.
Et sortait calmement.
Il allait flâner
Le long des quais
Glissant les doigts sur le parapet
-Sensation délicieuse,
Voluptueuse-
Cela le rendait tout guilleret.
Il oubliait le cours et son tyran de prof,
Un ex-sous-off,
Qui, un jour, avait saisi
Une barre d’outils
Et flanqué une sacrée dégelée
Sur ses onglets
Parce qu’il n’avait pas compris
Un exercice écrit.
Alors, Baltha avait décidé
De ne plus mettre les pieds
Dans l’amphi
Haï.
Il se contentait
Des polycopiés.
Lorsqu’il déposa
Plainte au commissariat,
Il eut beau faire voir
Les touches bleu-noir
De son clavier déglingué
Et ses logiciels flingués.
Peine perdue.
Il n’a pas été entendu.
Tout au contraire,
Son visage de nègre,
Couvert de boutons bizarres
A paru suspect à l’un des briscards
Qui ouvrit un dossier
Et entreprit une fouille.
Baltha en resta scié.
Fallait voir sa bouille !
Il devint vert
Quand l’enquêteur
A découvert
Dans sa manche
Une cartouche-couleur
Bourrée de poudre blanche…